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Henri Dunant

(Genève, 8 mai 1828 - Heiden, 30 octobre 1910)


Suisse.

Philanthrope.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1858, fortune grâce à la fondation de la Société des Mons-Djémila.
         fonde la Société de géographie de Genève.
1862, Souvenir de Solferino.
        adhère au « Comité international et permanent de secours aux militaires blessés en temps de guerre ».
1875, qui devient le Comité international de la Croix-Rouge.
1901, premier prix Nobel de la paix.




 






Henri Dunant naît le 8 mai 1828 à Genève, en Suisse. Il est l’aîné d’une famille de cinq enfants, appartenant à la bonne société de la ville. Au collège Calvin, ses études sont un échec complet. Il quitte l’établissement à l’âge de quatorze ans, au moment où les Dunant, qui ont des soucis d’argent, sont incapables de lui assurer l’aide d’un précepteur. Auprès du pasteur louis Gaussen, à la chapelle de l’Oratoire, Henri Dunant se préoccupe des choses de la religion. L’ambiance familiale l’y préparait. Son père, directeur de prison, est un des animateurs du Bureau de Bienfaisance genevois, tandis que sa mère reçoit des orphelines dans leur propriété de La Monnaie, à Montbrillant. Henri tente pour sa part d’apporter un secours moral aux prisonniers, détenus dans les geôles de l’Évêché.

Le jeune homme organise ensuite les Réunions du Jeudi, qui rassemblent des militants de l’Église évangélique. Au sein de ce qui est devenue l’Union de Genève, ceux-ci font l’aumône, réunissent des ouvrages à destination des étudiants démunis, organisent des conférences… Henri Dunant, devenu le secrétaire de l’organisation, participe à son développement partout en Europe. En 1855, lors d’un congrès à Paris, une charte des Unions chrétiennes de Jeunes Gens (U.C.J.G.) est rédigée de sa main et adoptée le 22 août.

En 1849, Henri Dunant est placé en apprentissage dans une maison de banque genevoise dirigée par deux associés, Paul-Elysée Lullin et François-Auguste Sautter de Beauregard. Quatre années plus tard, ces derniers lui confient la gestion de la Compagnie genevoise des colonies de Sétif. Devant le succès de l’entreprise en Afrique du Nord, ses fonctions s’étendent au recrutement de colons en Suisse romande. En 1855, une concession de 55.000 ha lui est même attribuée en Algérie, qu’il fait prospérer. Avec la fondation, le 8 janvier 1858, de la Société des Mons-Djémila, Henri Dunant fait personnellement fortune. A Genève, il se pose à présent en notable, adhérant en 1856 à la Société de lecture, à la Société des arts... L’année suivante, afin d’éclairer ses compatriotes sur l’état présent et le devenir du Nord de l’Afrique, Dunant publie une Notice sur la régence de Tunis. En 1858, avec l’aide de savants réputés, il fonde la Société de géographie de Genève.



L’année suivante, l’Europe s’embrase de nouveau. Apportant son soutien à la cause de l’unité italienne et au royaume de Piémont-Sardaigne, Napoléon III engage ses troupes militaires face à l’Autriche dans le Nord de la péninsule. Le vendredi 24 juin 1859, 320.000 soldats se font face à Solférino et s’entre-tuent quinze heures durant. Pour les besoins de ses affaires, Henri Dunant est alors en Italie du Nord. Les lenteurs de l’administration française ralentissent le développement de l’exploitation des terres appartenant à sa compagnie. Et il se décide en effet à demander une audience à l’Empereur, quant la guerre éclate. A Castiglione cependant, non loin du champ de bataille, c’est une vision d’horreur qui le saisit. Des centaines de blessés gisent, dans la douleur et la soif, attendant en vain d’être soignés. L’homme d’affaires se démène afin d’improviser un hôpital dans une église de la ville, Chiesa Maggiore. Cinq cent soldats s’y entassent bientôt, tandis que Dunant presse le quartier-général français de libérer les médecins autrichiens. Plus tard, au mois d’octobre 1862, alors que ces visions d’horreurs le hantent toujours, il publie un Souvenir de Solferino. Cet ouvrage se destine à frapper les opinions en Europe. Dunant propose également la constitution de sociétés de secours, utilisant des infirmiers afin d’assister les blessés et les mourants sur les champs de bataille.

De nombreux curieux répondent à son appel. Un juriste genevois notamment, Gustave Moynier, lui propose son aide, ainsi que celui de la Société genevoise d’utilité publique qu’il préside. Au mois de décembre suivant, Dunant adhère à cette société, qui, le 9 février 1863, se transforme sous son influence en « Comité international et permanent de secours aux militaires blessés en temps de guerre ». Ce n’est que plus tard, en 1875, qu’il s’appellera Comité international de la Croix-Rouge (ou C.I.C.R.). Celui-ci s’appuie sur les décisions prises lors de la Conférence internationale de Genève. Réunissant à partir du 26 octobre 1863 les représentants de quatorze États, celle-ci adopte dix résolutions décisives - la création d’un comité dans chaque pays, l’adoption d’un brassard blanc marqué d’une croix rouge par les infirmiers – et émet le vœu que ces derniers bénéficieront d’une neutralité indispensable à l’accomplissement de leur mission. L‘action d’un des membres du comité s’avère alors décisive. Le général Dufour parvient en effet à obtenir le soutien de Napoléon III, qui fut autrefois son élève à l’école d’artillerie de Thun. Du 8 au 22 août 1864, la ville de Genève accueille un congrès diplomatique international, dont est issue la Convention de Genève. La Croix-Rouge peut désormais agir.



Son fondateur Henri Dunant se met alors en retrait. Grâce à ses talents d’organisateur, Gustave Moynier apparaît en effet comme le plus à même de diriger l’organisation. De plus, l’homme d’affaires doit se consacrer à la bonne marche de la Société des Mons-Djémila. Et celle-ci connaît des difficultés après d’importantes acquisitions territoriales, une autre concession de plus de deux millions d’hectares de terrains agricoles, ainsi qu’une forêt de chênes-lièges près de Béjaia. Dunant en arrive à spéculer sur les denrées locales pour rééquilibrer les comptes de son affaire, quant le 25 février 1867, la faillite du Crédit genevois, dont il est un des administrateurs, conduit les autorités suisses à s’intéresser à la Société des Mons-Djémila. Deux années plus tard, Dunant est condamné pour ses malversations financières. Ruiné, perdu de réputation, il doit quitter ses fonctions au sein de la Croix-Rouge naissante, le 25 août suivant, et s’exiler en France.

A Paris, il tente de reconstituer sa fortune grâce à des entreprises improbables : la création d’une collection d’ouvrages littéraires venus de tous les horizons - européens, américains et asiatiques – , la commercialisation du polyphone, un instrument de musique, une sorte d’orgue qui utilise la combustion de gaz pour produire des sons… Discrédité et sans le sou, Henri Dunant disparaît à partir de 1875 de la scène publique. Seule l’aide d’une admiratrice, Léonie Kastner, ainsi que celle d’un vieux maître du collège Calvin, Rudolf Muller, lui permet de survivre à l’adversité. Après une dizaine d’années d’éloignement forcé, Dunant est de retour dans sa patrie. Il se fixe à Heiden, un petit village dans le canton d’Appenzell. C’est là que Wilhelm Sonderegger, le maître d’école local, le rencontre et répand la nouvelle qu’il est toujours en vie. En 1892, un médecin, Hermann Altherr, s’intéresse à lui et le soigne d’une profonde dépression. Guéri, mais affaibli, Henri Dunant vit désormais reclus dans l’hôpital local.

Une seule chose préoccupe désormais le locataire de la chambre 12  : rappeler au monde, face au désormais très influent Gustave Moynier, la paternité qui lui appartient de la création de la Croix-Rouge. Grâce au relais des journaux, notamment le Freitagszeitung de Zurich, qui multiplie les articles le concernant, Henri Dunant redevient un homme de premier plan au sein de la fédération suisse. Le Conseil fédéral lui décerne un prix national, une société russe de médecine lui alloue une rente à vie… Un ouvrage écrit de sa main paraît à cette époque, L’Avenir sanglant, dans lequel le philanthrope s’inquiète en cette fin de siècle de la montée des nationalismes en Europe. Enfin, en 1901, est distribué pour la première fois un prix institué par l’industriel suédois Alfred Nobel. Parmi les lauréats figurent Henri Dunant, premier prix Nobel de la paix.



Le fondateur de la Croix-Rouge s’éteint le 30 octobre 1910 à Heiden et est incinéré peu après au Sihlfeldfreidhof de Zurich.