Alexandre Dumas naît le 24 juillet 1802 à Villers-Cotterêts, dans le département de l’Aisne. Son père, le général de division Alexandre Dumas-Davy de la Paillerie, fils d'une esclave noire de Saint-Domingue, décède le 26 février 1806 alors qu’il n’est qu’un enfant. Il est alors élevé par sa mère qui n’obtient aucune pension du gouvernement impérial. A partir de 1816, celle-ci assure la subsistance de la famille en s’occupant d’un bureau de tabac. Alexandre effectue quelques études à partir de 1811 à l’école de la commune dirigée par l’abbé Grégoire. En 1817, l’adolescent est engagé comme troisième clerc par le notaire local, M. Mennessson. Après quelques années passées à son service, en tant que saute-ruisseau, il choisit d’abandonner cette étude en 1822 pour celle de M. Lefèvre.

A cette époque, l’adolescent s’essaie à la littérature. En compagnie de son ami Adolphe Ribbing de Leuven, il compose quelques tragédies. En 1823, Dumas décide de monter à Paris. Au mois d'avril, il trouve à s’employer comme expéditionnaire dans les bureaux du duc d’Orléans, sur la recommandation du général Foy. Son traitement, 1.200 francs à l’année, lui permet alors de louer une chambre à partir du mois d’avril de la même année, au n°1 de la place des Italiens (actuelle place Boieldieu), avant de s’installer l’année suivante en compagnie de sa mère au n°53 du faubourg Saint-Denis.

Dumas lit beaucoup. Il parcourt les œuvres des auteurs en vogue : Byron, Schiller, Scott, Lamartine … et rédige quelques œuvres dramatiques qui n’ont qu’un maigre succès sur les scènes parisiennes. Le 27 juillet 1824, Marie-Catherine Labay, une lingère avec laquelle Dumas a entretenu une liaison, lui donne un fils, Alexandre, qu’il reconnaîtra en 1830. A partir du mois de septembre 1827, c’est une femme de lettres, Mélanie Waldor, qui obtient ses faveurs. Celles-ci l’introduit auprès du cercle des romantiques se réunissant chez l’écrivain Charles Nodier. Ce dernier lui accorde son appui auprès de l’Académie française et, le 17 septembre 1828, le Comité de lecture de l'institution accepte la pièce de théâtre du jeune auteur, Henri III et sa cour. La première a lieu le 11 février 1829 au Théâtre-Français. C'est un succès éclatant. Celui-ci, qui préfigure pour les romantiques la bataille d’Hernani, lui permet également de connaître une nouvelle notoriété auprès du public parisien, que confirment les cinquante représentations qui vont suivre.



Alors qu’il vient d’être nommé bibliothécaire-adjoint chez le duc d’Orléans, Dumas participe aux journées révolutionnaires de 1830. A Soissons, le 31 juillet, il prend possession au nom du Gouvernement provisoire de la poudrière et contribue ainsi à l’avènement de la Monarchie de Juillet. L’année suivante, l’écrivain donne au nouveau roi sa démission. Il ambitionne désormais de vivre de sa plume. Les triomphes d’Anthony, le 3 mai 1831, puis de La Tour de Nesle le 29 mai de l’année suivante au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le confirme d’ailleurs dans son choix. L’auteur à succès est maintenant une figure du Paris romantique. Il multiplie les conquêtes féminines, fait scandale à Trouville en se baignant nu, s'affiche dans les duels qui défraient la chronique. Le 15 mars 1832, Alexandre Dumas donne un bal costumé en l’honneur du carnaval qui réunit le Paris mondain. A son nouveau domicile, situé au n°42 de la Rue Saint-Lazare, se pressent six cent d’invités. 

L’écrivain occupe les années qui suivent en voyageant. Il séjourne ainsi plusieurs mois à l’étranger, en Suisse en 1832 ou en Italie en 1835, et dans le Midi de la France en 1834. De retour à Paris, Alexandre Dumas assiste le 31 août 1836 à la première de sa nouvelle œuvre dramatique, Kean, dont le rôle titre est joué au Théâtre des Variétés par l’acteur Frédéric Lemaître. Le 2 juillet 1837, il accède aux honneurs officiels en étant nommé chevalier de la Légion d’honneur. L’écrivain rencontre au mois de décembre de l’année suivante Auguste Maquet, à qui il est présenté par son ami Gérard de Nerval. Il décide alors de s’essayer au roman, au roman historique essentiellement pour l'écriture desquels Dumas se documente abondamment, parcourant les mémoires rédigées par ses personnages et reconstituant ainsi avec érudition le monde du passé.

En 1844, il décide de se séparer de sa femme, Ida Ferrier, avec laquelle il est marié depuis le 1er février 1840. Grâce à la collaboration de Maquet, un contrat signé le 4 février 1848 liant les deux hommes, les publications des œuvres signées Dumas se multiplient. Paraît en feuilletons dans Le Siècle un roman fleuve au titre trompeur, Les Trois Mousquetaires. Du 14 mars au 14 juillet 1844, les aventures de d’Artagnan, Aramis, Portos et Athos vont alors passionner les lecteurs du journal. Celles- ci s’étoffent avec Vingt ans après publié l’année suivante et enfin avec Le Vicomte de Bragelonne en 1848. Au cours de ces années paraissent d’ailleurs quelques-unes des grandes œuvres de l’écrivain : Le Comte de Monte-Cristo, Le Chevalier de Maison-Rouge et La Reine Margot en 1845, La Dame de Montsoreau ou Joseph Balsamo en 1846.



Cependant celui-ci doit également faire face aux virulentes attaques de ses détracteurs. En 1845, Eugène de Mirecourt fait ainsi paraître son pamphlet Fabrique de romans, Maison Alexandre Dumas et compagnie. Après s’être répandu en protestations auprès de la Société des gens de lettres le 17 février de la même année, Alexandre Dumas dépose une plainte auprès du tribunal correctionnel de Paris. S’il obtient gain de cause le 16 mai suivant, la condamnation de Mirecourt à une amende et à quinze jours de prison pour diffamation ne lève pas la suspicion qui pèse maintenant sur chacune de ses publications.

L’écrivain enrichi souhaite maintenant étoffer son activité littéraire. Le 14 mars 1846, lui est accordée l’autorisation de fonder le Théâtre Historique, inauguré le 20 février 1847 avec La Reine Margot. L’établissement a pour vocation de proposer au public parisien les adaptations de ses romans, la scène à l’époque étant davantage rémunératrice pour les auteurs que la librairie. Le 27 juillet de la même année, 600 personnes sont invitées à Marly afin de fêter Dumas et l’inauguration de la Villa Monte-Cristo, une grande bâtisse au style composite que celui-ci s’est fait construire à proximité de Paris. Les travaux, commencés en 1844, ont englouti plus de 400 000 francs, une fortune !

Celui qui avait participé aux émeutes républicaines organisées à l'occasion des obsèques du général Lamarque les 5 et 6 juin 1832, prend également part sous l’uniforme de commandant de la Garde nationale aux manifestations du mois de février 1848 qui mettent fin à la monarchie. Candidat dans l’Yonne, en Seine-et-Oise et enfin à Pointe-à-Pitre aux élections législatives, il échoue cependant au mois d’avril suivant à se faire élire à la députation à l’Assemblée constituante. Au mois de juin, par un opuscule intitulé Révélations sur l’arrestation d’Émile Thomas, Dumas s'immisce néanmoins dans le débat politique en dénonçant la répression des manifestations ouvrières, suite à la fermeture des Ateliers nationaux. L’écrivain au souvenir fidèle finance l’année suivante les obsèques de l’actrice Marie Dorval. Cependant, avec la faillite du Théâtre Historique prononcée le 20 octobre 1850, vient le temps des difficultés financières. Poursuivi par ses créanciers, Alexandre Dumas quitte alors la France, peu après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, le 7 décembre 1851.



Réfugié en Belgique, il s’installe à Bruxelles tandis qu’à Paris, le 5 janvier 1852, son mobilier est vendu afin de payer les dettes contractées. Au mois de juillet, l’écrivain est à Anvers afin d’accompagner son ami Victor Hugo, lui aussi en exil mais pour des raisons d’un autre ordre, qui s’embarque pour l’île de Jersey. Ses créances réglées, Dumas est de retour à Paris en 1853, année où il fonde un quotidien littéraire, Le Mousquetaire. Celui-ci, dont le premier numéro date du 12 novembre, paraîtra jusqu’en 1857, date à laquelle Le Monte-Cristo prendra le relais. Dumas loge provisoirement au siège du journal situé au n°1 de la rue Lafitte. Reprenant son travail de publication, il s’installe bientôt dans un hôtel particulier, au n°77 de la rue d’Amsterdam.

A partir du mois de juin 1858, l’écrivain effectue un long voyage en Russie puis, en 1860, c’est l’Italie qui l’accueille. Dans les années qui suivent, il ne fera d’ailleurs que quelques brefs séjours en France. Le 7 septembre, il entre ainsi en compagnie de Giuseppe Garibaldi dans la ville de Naples conquise par les Mille. Celui-ci le nomme directeur des Beaux-Arts. Quelques temps plus tard, son action aux côtés du patriote italien lui vaut cependant la mise à l’Index de ses œuvres, prononcée le 22 juin 1863 par le Saint Siège à l’initiative du pape Pie IX. Soucieux de l’actualité des relations internationales et attentif aux mouvements des nations, l’écrivain publie en 1868 un écrit intitulé La Terreur prussienne. Dumas, qui vient de visiter le champ de bataille de Sadowa au mois de juillet 1866, souhaite ainsi mettre ses contemporains en garde contre la montée d’une puissance Outre-Rhin.

Amateur de bonne chère et du bien vivre, il s’attaque à un dictionnaire de cuisine. Celui-ci restera cependant inachevé, en attendant qu’Anatole France n’en reprenne le texte. Alors que la guerre est déclarée entre la France du Second Empire et le Royaume de Prusse, un accident vasculaire laisse l’écrivain à demi- paralysé. Chez son fils, au Puys, près de Dieppe, Alexandre Dumas décède le 5 décembre 1870. En 1875, l'écrivain est honoré par la Troisième République naissante. Une rue de Paris porte désormais son nom. En 1883, Gustave Doré élève également Place Dauphine un monument le représentant la plume à la main. Inhumé depuis le 16 avril 1872 au cimetière de Villers-Cotterêts, Alexandre Dumas rejoindra Victor Hugo et Émile Zola dans le crypte du Panthéon le 3 octobre 2002.