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Paul DÉROULÈDE 

(Paris, 2 septembre 1846 - Nice, 30 janvier 1914)


Français.

Homme politique.



par
Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1870, nommé sous-lieutenant des Mobiles de la Seine.
         fait prisonnier. En captivité à Breslau. S'évade peu après.
        affecté au 15ème corps de l’armée de l’Est, avec le grade de lieutenant au Tirailleurs algériens.
1872, Les Chants du Soldat..
1874, Nouveaux Chants du Soldat.
1882, fonde la Ligue des Patriotes.
1889, élu député de la deuxième circonscription d’Angoulême.
1898, tentative de coup d'État.
        condamné à dix ans de bannissement pour " complot contre la sûreté de l’État ".

 






Paul Déroulède naît le 2 septembre 1846 à Paris. Neveu d'Émile Augier, auteur dramatique et académicien, il est le fils d’un avoué d’origine charentaise. L’enfant passe son enfance à Croissy puis effectue ses études à Versailles. Ayant ensuite fait son droit, Déroulède effectue un long périple à travers l’Europe, qui le mène jusqu’en Orient où il assiste à l’inauguration du canal de Suez par l’Impératrice Eugénie, le 17 novembre 1869. De retour en France, il s’inscrit en 1870 au barreau de Paris. Au cours de ces années, le jeune homme s’essaie également à la littérature, faisant publier ses premiers vers dans la Revue nationale sous le pseudonyme de Jean Rebel. Une de ses œuvres dramatique, un acte en vers baptisé Jean Strenner, est représentée au Théâtre français.

Peu de temps plus tard, la guerre est déclarée entre la France du Second Empire et la Prusse, le 19 juillet 1870. Le 4 août suivant, Déroulède gagne Metz où les autorités militaires dénigrent son engagement. Au camp de Chalons, il est néanmoins nommé sous-lieutenant des Mobiles de la Seine. Le jeune homme, qui désire ardemment combattre, préfère cependant s’engager dans les Zouaves et rejoint l’armée de Mac-Mahon. Sous le commandement du colonel Brocher, il combat à Mouzon puis à Bazeilles. A Balan, Déroulède est fait prisonnier par les armées ennemies et emmené de ce fait sous leur surveillance en captivité à Breslau. Il s'évade peu après puis, alors qu’en France la République est proclamée, se met au service du Gouvernement de la Défense nationale.

Paul Déroulède est alors affecté au 15ème corps de l’armée de l’Est, avec le grade de lieutenant au Tirailleurs algériens. Il participe bientôt aux campagnes de la Loire et de l'Est. L’officier se distingue à Montbéliard notamment ; il est mis à l’ordre du jour de l’armée puis décoré au mois de février 1871. Quelques semaines plus tard, après la signature d’un armistice mettant fin aux hostilités, Déroulède prend part aux côtés des armées versaillaises aux combats face aux Communards parisiens. Il est d’ailleurs blessé au bras en conduisant l’assaut d’une tranchée. En 1874, une chute de cheval, par laquelle il se brise une jambe, le contraint ensuite à quitter l’armée.



Lors de sa première convalescence, Paul Déroulède, qui poursuit en parallèle à sa vie de garnison son travail littéraire, rédige Les Chants du Soldat. Publiés en 1872, ceux-ci lui assurent par leur succès une grande popularité. Il décide alors de vivre de sa plume et ajoute une suite à sa première œuvre avec les Nouveaux Chants du Soldat, en 1874. Hanté par la défaite face aux armées allemandes, Déroulède entend ainsi lutter pour la régénération morale de la France. Afin d’entretenir dans l’esprit de ses compatriotes l’idée de la Revanche, celle-ci devant permettre de récupérer les provinces perdues, il se lance également dans l’action politique. En 1877, Déroulède donne un nouveau drame, L'Hetman.

Avec la démission du maréchal de Mac Mahon et l’arrivée au gouvernement des Opportunistes, Paul Déroulède, qui affiche ses convictions républicaines et nationalistes, se rapproche des cercles du pouvoir. C’est ainsi que Paul Bert, ministre de l’Instruction publique dans le cabinet Gambetta, le convie en 1881 aux travaux d’une Commission d’éducation militaire créée dans le but de contribuer au développement de " l’esprit patriotique et des aptitudes physiques " des jeunes Français. Toujours à la tête des " sonneurs de clairon ", Paul Déroulède rédige les Marches et sonneries la même année. Le 12 mai 1882, il fonde la Ligue des Patriotes. Placée sous le patronage moral de l’historien Henri Martin et de quelques autres personnalités de la Troisième République, celle-ci doit permettre à Paul Déroulède de donner davantage d’audience à son discours nationaliste. Il en devient le président au mois de mars 1885.

Après un voyage effectué en Russie en 1886, Déroulède prône à présent l'alliance avec ce pays pourtant autocratique. Celle-ci cependant doit conduire à la victoire contre l'Allemagne de Guillaume Ier et de son chancelier Bismarck. Dans les années qui suivent, Paul Déroulède rompt avec les milieux gouvernementaux dont il dénonce la corruption, en ces temps où les scandales politico-financiers se multiplient. Les convictions politiques du tribun nationaliste ont en effet évolué. L’avènement d’une République plus autoritaire emporte son adhésion, Paul Déroulède étant convaincu que l’absence d’autorité met la France en danger. Et la grande figure patriotique du général Boulanger pourrait devenir l’âme de la régénération. C’est pourquoi la Ligue des Patriotes, qu compte 182.000 adhérents, soutient l’action de l’ancien ministre de la Guerre. Le parti boulangiste obtient ainsi quelques victoires électorales retentissantes, avant de s’essouffler. Paul Déroulède est élu député de la deuxième circonscription d’Angoulême en 1889, alors que ses Chants du Soldat connaissent leur cent vingt neuvième éditions.



Ayant démissionné de son mandat en 1892, il se consacre alors à son activité d’écrivain. Sont publiés en 1894 les Chant du paysan, puis Messire Du Guesclin l’année suivante et enfin La Mort de Hoche en 1897. L’Affaire Dreyfus le décide ensuite à sortir de sa retraite. Réélu au mois de mai 1898, toujours à Angoulême, Déroulède tente lors des obsèques de Félix Faure, le Président de la République défunt, de prendre la tête du cortège officiel de la garnison de la Seine, en se jetant au col du cheval du général Roguet, afin de marcher vers l’Élysée. Traduit en cour d'assises pour cette pitoyable tentative de coup d'État, il est acquitté le 31 mai suivant. Cependant, à l’initiative du président du Conseil, Pierre Waldeck-Rousseau, désireux d'éloigner celui qui tient la rue depuis plusieurs mois à Paris, la Haute-Cour le condamne à dix ans de bannissement le 5 janvier 1900 pour " complot contre la sûreté de l’État ".

Paul Déroulède se rend dans l’Espagne voisine. Gracié puis amnistié après cinq années d’exil passé à San Sebastian, il est enfin de retour en France. Battu aux élections législatives dans le département des Charente en 1906, le leader nationaliste se consacre dès lors à la propagande patriotique. Déroulède continue d’animer la vieille Ligue des patriotes dont les militants organisent à présent des cérémonies du souvenir à Paris, devant les statues de Jeanne d'Arc et de la ville de Strasbourg, place de la Concorde. Paul Déroulède décède à Nice, le 30 janvier 1914, quelques mois avant le déclenchement de la guerre face à l’Allemagne qu'il appelait de ses vœux depuis plus de quarante années. Ses obsèques ont lieu le 3 février suivant en l'église Saint-Augustin, tandis que le journal Le Figaro lance peu après une souscription afin d'élever un monument à sa mémoire.