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Honoré DAUMIER

(Marseille, 26 février 1808 -
Valmondois, 11 février 1879)


Français.

Peintre.



par
Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1829,
devient collaborateur à La Silhouette.
1831, dessine pour La Caricature.
1832,
La Cour du roi Pétaud.
1834, Le Massacre de la rue Transnonain.
1849, entre pour la première fois au Salon.

.

 






Honoré Daumier naît à Marseille le 26 février 1808. Son père, Jean-Baptiste, exerce la profession, peu lucrative à l’époque, de " vitrier ", c’est-à-dire d’encadreur et de peintre décorateur. L’artisan se croit également poète : il ambitionne une carrière littéraire. En 1814, renonçant à son gagne-pain, il vient à Paris pour y tenter sa chance. C’est un échec : la représentation qu’il donne, en 1819, à ses frais, de sa tragédie, Philippe II ne lui apporte aucun succès.

La famille Daumier connaît alors de réelles difficultés financières. Aussi, en dépit de son attirance pour le dessin, Honoré est obligé de contribuer à la subsistance des siens. En 1820, il est employé comme saute-ruisseau chez un huissier, puis, l’année suivante, comme commis chez Delaunay, libraire et éditeur au Palais-Royal. L’enfant découvre alors le microcosme parisien, le monde de la justice notamment, dont il fustigera, plus tard, l’hypocrisie, et le petit peuple des rues, des quais et des boutiques. L’univers du caricaturiste est alors en place.

L’année suivante profitant des quelques loisirs que lui laisse son emploi, Honoré Daumier commence à étudier le dessin. Alexandre Lenoir, ancien élève de David, lui donne ses premières leçons de peinture. Il fréquente également le Louvre où il admire la sculpture antique et s’essaye à la copie des maîtres. Honoré Daumier rencontre à cette occasion Charles Ramelet, un modeste peintre de genre, qui l’initie au métier de lithographe. La première planche connue de Daumier date d’ailleurs de 1822. Entre 1823 et 1828, Celui-ci fréquente l’académie Suisse de dessin. Il s’y lie d’amitié avec quelques artistes épris d’idéaux révolutionnaires : Auguste Préault, le peintre Jeanron et peut-être Denis Raffet. Parallèlement, il complète son apprentissage chez l’imprimeur Béliard, pour lequel il exécute, sous l’anonymat, quelques planches représentant des portraits de célébrités. Vers 1829-1830, il devient collaborateur à La Silhouette, l’un des premiers journaux de caricatures, où il côtoie Paul Gavarni, Henri Monnier et, parmi les rédacteurs littéraires, Honoré de Balzac.



Son talent pour la satire et la caricature éclate alors au grand jour sous le règne de Louis-Philippe d’Orléans. Charles Philippon, directeur du plus célèbre journal de satire politique de l’époque, La Caricature, fondé le 4 novembre 1830, engage Honoré Daumier. Ses lithographies connaissent immédiatement le succès. Entre 1831 et 1834, Daumier réalise, pour la vitrine du journal, une série de bustes charges en terre crue colorée représentant quelques-uns des membres les plus en vue du parti conservateur : ministres, députés, journalistes gouvernementaux et familiers du monarque, tous hostiles à la presse républicaine. En accusant les particularités physionomiques de ses personnages, le caricaturiste cherche ainsi à révéler la corruption du système qu’ils incarnent. Cependant cette dérision pouvait saper les bases mêmes du régime. La publication, au mois de décembre 1831 puis en août 1832, de deux lithographies dénonçant les vices de la monarchie de Louis-Philippe, Gargantua et La Cour du roi Pétaud, vaut à Daumier de comparaître devant la cour d’assises. Il est incarcéré six mois à la prison Sainte-Pélagie, puis dans une maison d’aliénés.

Cette expérience marque un tournant dans la vie de Daumier. Républicain convaincu, les affres du procès et de la détention semblent avoir réveillé en lui un fond de pessimisme qui ne fait qu’attiser sa hargne. En 1834, il publie cinq grandes planches dans L’Association mensuelle, magazine fondé par Philippon, parmi lesquelles Le Ventre législatif  et surtout Le Massacre de la rue Transnonain, représentant les massacres des émeutes de 1832 et 1834. La loi du 29 août 1835 contre la liberté de la presse entraîne bientôt la suppression de La Caricature. Honoré Daumier intègre alors le nouveau journal de Charles Philippon, Le Charivari, fondé en décembre 1832. Il se consacre désormais à la satire des mœurs de son temps. Son œuvre regroupe quelques quatre mille lithographies.



Les Journées de février 1848 amènent bientôt la chute de la Monarchie de Juillet l’instauration d’un nouvel ordre politique et social. L’avènement de la Seconde République permet à Daumier de donner libre cours à sa passion pour la peinture. Il participe au concours institué le 18 mars 1848 pour commémorer, par une représentation peinte de la République, la victoire de la révolution et la déchéance de Louis-Philippe. Son esquisse est sélectionnée parmi les vingt meilleures. En 1848 et 1849, Honoré Daumier bénéficie également d’une commande de l’État : deux tableaux religieux, une Madeleine  et un Saint Sébastien. Malgré les acomptes qui lui sont versés, l’artiste ne mène à bien que le second. Désormais, Daumier est perçu comme un peintre qui a des difficultés à terminer ses œuvres.

A cette époque, il entre pour la première fois au Salon avec des œuvres inspirées du roman, de la mythologie et de la fable : Le Meunier, son fils et l’âne en 1849, Don Quichotte se rendant aux noces de Gamache l’année suivante ainsi que le fameux dessin intitulé l’Ivresse de Silène. Le choix de sujets littéraires, aux marges du " grand genre ", l’influence de Rubens et des maîtres espagnols montrent les ambitions picturales qui sont désormais celles du peintre.

Cependant celui-ci connaît bientôt une gêne financière due à un ralentissement de sa production lithographique. Le coup d’État du 2 décembre 1851 et le sacre de Louis-Napoléon Bonaparte suscitent en ces années la réalisation de la statuette Ratapoil. Le caricaturiste poursuit ses lithographies dans le journal de Philippon. Quelques lithographies illustreront encore les ravages de la guerre franco-prussienne de 1870 et la chute du Second Empire.



En 1853, Daumier se lie d’amitié avec les peintres de Barbizon, Camille Corot, Jean-François Millet et Théodore Rousseau. Sa thématique picturale rejoint alors celle de son œuvre lithographique : scènes des quais et des rues de Paris avec Le Fardeau ; avocats et tribunaux, public des théâtres avec Le Drame ; face-à-face silencieux de buveurs et de joueurs ; voyageurs des premiers chemins de fer avec l’Intérieur de wagon de troisième classe ; amateurs d’estampes, colloques animés ou recueillis d’artistes et de collectionneurs avec Conseils à un jeune artiste ; musiciens ambulants et saltimbanques ; figures des Fables de La Fontaine et des comédies de Molière avec Le Malade imaginaire, sans oublier les fameux Don Quichotte.

Honoré Daumier se retire à Valmondois en 1865. Quelques années plus tard, vers 1868 ou 1870, il peint Les Immigrants, dont on ne sait s’ils représentent les républicains en fuite. Touché par la cécité, le peintre ralentit son activité. A partir de 1877, une modeste pension que lui accorde la Troisième République assure sa subsistance. Frappé d’apoplexie, il décède le 11 février 1879, après trois jours d’agonie. Quelques mois plus tôt, s’était ouverte, à la galerie Durand-Ruel, sous la présidence de Victor Hugo, une exposition rétrospective de son œuvre, qui, bien que célébrée par de nombreux critiques, laissa le public indifférent.