La lettre d'infos


A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.

S'abonner à la lettre d'infos
 

 L'actualité
sur 19e.org

 
 

 A voir sur le Web

     Vous êtes ici :   Accueil   Biographies   C    >   Astolphe de CUSTINE                               Contact

 

Astolphe de CUSTINE 

(Niderviller, 18 mars 1790 - Paris, 18 octobre 1858)


Français.

Ecrivain.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1815, aux cotés de
Talleyrand au congrès de Vienne.
1824, scandale du
rendez-vous de Saint-Denis.
1843, La Russie en 1839.



 






Astolphe Louis Léonor de Custine naît le 18 mars 1790 au château de Niderviller, en Lorraine. Il est le deuxième fils d’Armand de Custine et de Delphine de Sabran. Son frère Gaston, de deux ans plus âgé, décède en 1792. Sa famille est toute entière dévouée au service du roi qui s’oppose bientôt à l’Assemblée législative. Avec la déclaration de guerre de la jeune République aux princes européens, Armand de Custine se rend en mission auprès du duc de Brunswick, chef des armées coalisées. Le général Adam-Philippe de Custine-Sarreck, grand-père d’Astolphe, qui s'est rangé dans le camp de la Révolution, se voit confier le commandement de l’armée du Rhin. Dans les mois qui suivent cependant, les deux aristocrates sont arrêtés et condamnés à mort par la Convention. Peu après l’exécution d’Armand de Custine au mois de janvier 1794, son épouse Delphine, suspecte aux yeux du Comité de Salut public, est incarcérée à la prison parisienne de Sainte-Pélagie, puis aux Carmes. La jeune femme ne recouvrera la liberté qu’après Thermidor et la chute de Robespierre. Pendant cette période de captivité, l’enfant est confié aux bons soins de sa nourrice, Nanette Malriat.

En 1795, la famille de Custine est enfin de retour en Lorraine. Astolphe passe alors sous la responsabilité morale de son précepteur, un alsacien nommé Bertoecher. Dans les années qui suivent, Delphine de Custine s'attache à entretenir ses amitiés nouées au sein du monde littéraire. En 1802, son amie Mme de Staël lui dédicace son roman Delphine. La même année, elle noue une liaison avec Chateaubriand. Astolphe suit sa mère qui passe l’hiver dans la capitale parisienne, ne revenant que l’été dans la propriété familiale de Niderviller. Celle-ci est mise en vente, les Custine s’installant à Fervaques en Normandie en 1804. C’est là que Delphine de Custine reçoit l’auteur des Martyrs. Liée maintenant au médecin Koreff à partir de 1808, la disgrâce d’un de ses amis les plus chers, Joseph Fouché, ministre de la Police de Napoléon Ier, consomme la rupture d’avec l’Empire en 1810. Commence alors un périple européen qui mène les Custine en Allemagne et en Suisse en 1811, en Italie l’année suivante. En 1814, Delphine et son fils rejoignent à Bâle Louis XVIII et le comte d’Artois qui s'apprêtent à la Restauration.



Dans l’entourage du nouveau souverain, Astolphe de Custine entre dans l’armée avec le grade de major. Tenté par la diplomatie, il suit Talleyrand jusque Vienne où se déroule en 1815 un congrès réunissant les souverains européens afin de décider de l’avenir du continent. A cette époque, le jeune homme se refuse à épouser Albertine de Staël, fille de la femme de lettres. Après avoir fait la connaissance de Goethe, il réside pendant quelques temps à Francfort avant de regagner Fervaques. En 1817, Custine se consacre essentiellement à l’administration du domaine normand. Cette vie sédentaire lui permet également de rétablir sa santé déficiente. A Paris l’année suivante, Astolphe de Custine et sa mère fréquentent les salons de la noblesse et le tout-Paris qui se forme. Cette dernière est d’ailleurs à la recherche d’un parti pour son fils. Un projet de mariage avec Claire de Duras échoue en 1818, la rupture arrivant la veille de la signature du contrat. C’est que le jeune marquis de Custine voue une passion, non partagée, pour la nièce du duc de Bénévent, la duchesse de Dino. En 1821 enfin, il se marie à Léontine de Saint-Simon de Courtomer, jeune orpheline d’une antique famille de l’aristocratie du Beauvaisis. Dans les salons parisiens néanmoins, on spécule sur l’inversion du jeune marié…

Au mois de juin 1822, un fils prénommé Enguerrand naît de leur union. Au cours de l’été cependant, le marquis de Custine fugue en Angleterre en compagnie d’Édouard de Sainte-Barbe, un jeune homme de six ans son cadet rencontré quelques années auparavant. Léontine décède le 7 juillet 1823 d’une angine de poitrine et l’année suivante a lieu le rendez-vous de Saint-Denis. Alors qu’il attendait un canonnier de la garde, Astolphe de Custine est attaqué et battu par les amis de son rendez-vous d’amour. Abandonné sans connaissance, il est dépouillé de ses vêtements par ses agresseurs. L’affaire défraie la chronique parisienne et Custine est maintenant perdu de réputation. Alors qu’il songe à entrer dans les ordres, un conseil de famille réunit dans l’urgence décide de son éloignement de la capitale. Custine et sa mère s’enferment à Fervaques en compagnie de Sainte-Barbe.



Le 2 janvier 1826 décède le petit Enguerrand atteint d’une méningite, suivi quelques mois plus tard dans la tombe, le 13 juillet, par Delphine de Custine. Le marquis de Custine demeure seul avec son amant en Normandie. Ensemble, ils effectuent quelques voyages qui les mènent successivement en Italie en 1827, en Angleterre l’année suivante, en Allemagne en 1829 et enfin en Espagne en 1831. Cette époque voit aussi les débuts littéraires de Custine. Il publie Olivier en 1826, Aloys ou le Religieux du mont Saint-Bernard en 1829 et enfin Béatrix Cenci. Donnée au Théâtre de la Porte-Saint-Martin à partir du 21 mai 1833, la pièce est un échec. Après avoir cédé Fervaques, Astolphe de Custine s’installe à Paris, au n°6 de la rue de la Rochefoucauld. Il fait également l’acquisition du domaine de Saint-Gratien, situé dans la forêt de Montmorency. Custine se lie aux artistes romantiques de la capitale : Théophile Gautier, Stendhal... Il mène de nouveau une existence festive. En villégiature en Italie en 1834, Astolphe de Custine est invité l’année suivante par le prince de Metternich à Vienne. Il publie de nouveau : Le Monde comme il est en 1835 puis L’Espagne sous Ferdinand VII en 1838. Honoré de Balzac, rencontré auparavant en Autriche, l’encourage à poursuivre dans cette voie.

En 1835, la vie sentimentale de Custine s’enrichit de la venue d’un jeune comte polonais de vingt-trois ans, Ignace Gurowski, qui s’installe rue de la Rochefoucault aux côtés de Sainte-Barbe. Ceci le décide en 1839 à entreprendre un nouveau voyage en Russie, de mai à septembre, afin de décider le Tzar à mettre fin à la disgrâce du jeune homme. Mais à son retour, le marquis de Custine apprend que celui-ci  a séduit l’infante Isabelle d’Espagne avec laquelle il se marie en 1842. Custine qui connaît des revers de fortune subit avec l’éloignement de son amant une crise morale. En Italie, il rédige le récit de son séjour à l’Est, La Russie en 1839. L’ouvrage est publié le 13 mai 1843. Il connaît un grand succès en France - cinq éditions se succédant du vivant de son auteur -, et à l’étranger, à commencer par la Russie. Trois réfutations commandées par les autorités paraîtront la même année. Il s'agit de faire face aux critiques du pouvoir " knoutocratique " du Tzar Nicolas Ier auxquelles s’exerce l’aristocrate français. Ces libelles, tout comme la presse nationale, se plaisent à souligner les contradictions et les erreurs d’observation d’Astolphe de Custine.



Après quelques mois passés à Saint-Gingolph, sur le Lac Léman, le marquis de Custine mène à Paris une vie plus retirée. Il assiste sans grand déplaisir aux Journées de Février qui provoque la chute de Louis-Philippe Ier et de la Monarchie de Juillet. Au mois de septembre 1848, est publié Romuald ou la Vocation, auquel il travaille depuis quatre années. A cette époque s’éteignent quelques-uns des principaux éléments de son entourage : Chateaubriand, Chopin, Mme Récamier, Balzac, Sophie Gay. Ces disparitions successives le remplissent de tristesse. A Rome au mois de décembre 1851, Custine apprend la nouvelle du coup d’État du Prince-Président Louis Napoléon Bonaparte qui met fin à la Seconde République. L’année suivante, il sera favorable au rétablissement de l’Empire. Astolphe de Custine décède le 25 septembre 1857 et est enterré à Saint-Aubin d’Auquainville, près de Fervaques. Dans les mois qui suivent, sa famille intente un procès en nullité contre le testament par lequel le dandy a légué sa fortune à son ami Sainte-Barbe. Ce dernier obtiendra néanmoins gain de cause à titre posthume. Il décède quelques mois après Custine, le 18 octobre 1858.