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Gustave COURBET 

(Ornans, 10 juin 1819 - Tour-de-Peilz, 31 décembre 1877)


Français.

Peintre.



par Jean-Marc Goglin


 

     Quelques dates :

1840,
part à Paris afin de poursuivre son apprentissage de la peinture.
1843,
Autoportrait en " désespéré ".
1844, Courbet au chien noir est admise au Salon.
1851, Un enterrement à Ornans.
1855, L'Atelier du peintre.
1861, ouvre un atelier à Paris et entre en conflit avec l’École des Beaux-Arts.
1870, La Falaise à Étretat lui vaut la Légion d’honneur..
1871, élu à la Commune lors des élections complémentaires du VIème arrondissement.
        
accusé d’être responsable de la démolition de la colonne Vendôme.
         condamné à six mois de détention et emprisonné à Sainte-Pélagie.
1873, s'exile en Suisse.

 






Jean-Désiré Gustave Courbet naît le 10 juin 1819 à Ornans (Doubs). Il est le fils d’un propriétaire foncier, obsédé par ses projets chimériques, et d’une mère attentive. L’enfant est entouré de trois sœurs passionnées de musique tandis que son grand-père maternel lui transmet ses convictions républicaines. En 1831, Gustave Courbet entre au petit séminaire d’Ornans. L’adolescent manque cependant souvent la classe, préférant courir la campagne aux alentours ! D’ailleurs seul le dessin l’intéresse. Quelques années plus tard, en 1837, il est envoyé pensionnaire au collège de Besançon.

Mais sa nouvelle vie lui déplaît fortement et il menace bientôt de quitter l’établissement. A la rentrée de Pâques, Gustave Courbet s’installe comme externe dans une maison où logent trois futurs peintres : Arthaud, Baille, Jourdain. De 1838 à 1840, il partage son temps entre Ornans et Besançon. Dans cette ville, Courbet fréquente l’École de Beaux-Arts.

Au mois de novembre 1840, il part ensuite à Paris afin de poursuivre son apprentissage de la peinture. Gustave Courbet refuse cependant l’enseignement officiel et décide de se former seul. Il parcoure fréquemment les couloirs du Louvre et réalise des études d’après modèles vivants dans les académies libres. Ses premières œuvres se limitent aux portraits et aux nus.

De cette époque datent ainsi son autoportrait en " désespéré ", peint vraisemblablement vers 1843 ; le portrait de sa sœur Juliette ainsi que Le Hamac  réalisés en 1844 ; ses autoportraits " à la ceinture de cuir " et " au chien noir ".Cette dernière œuvre Courbet au chien noir est admise au Salon en 1844. L’artiste reste alors tributaire d’un romantisme sentimental pouvant aller jusqu’à la grandiloquence. Progressivement ses œuvres évoluent néanmoins vers le réalisme, avec notamment Le Sculpteur ou Les Amants dans la campagne peints en 1844.



Malgré ses convictions républicaines et ses relations avec des écrivains socialistes comme Champfleury, qui élabore au même moment sa théorie du réalisme littéraire et pictural, Courbet ne participe pas directement à l’action révolutionnaire de 1848. Il s’exprime grâce à son art. Ces événements précipitent ainsi sa propre évolution et le débarrasse des dernières traces de romantisme. Courbet souhaite à présent montrer la réalité sociale.

C’est ainsi qu’aux Salons de 1849 puis lors des manifestations organisées dans les années qui suivent, en 1850, en 1852 et en 1853, des portraits et des paysages " purs " voisinent avec les œuvres célèbres où Courbet exprime sa vision de la société contemporaine : l’Après-Dînée à Ornans, Les Paysans de Flagey revenant de la foire, Un enterrement à Ornans, Les Casseurs de pierre, Les Demoiselles de village, Les Lutteurs, auxquels il faut notamment ajouter la grande ébauche inachevée des Pompiers, réalisée en 1851, Les Cribleuses de blé en 1854, le grand Atelier de 1855 et enfin Les Demoiselles des bords de la Seine en 1856-1857.

La peinture de Gustave Courbet se veut alors objective. Elle désire présenter la pesanteur et la monotonie du travail manuel, le divorce de l’homme moderne et de la nature, le besoin de loisirs, l’isolement de l’individu dans la collectivité, le rituel mécanique qui règle les actes de la vie collective... Courbet n’a sûrement pas lu Karl Marx, dont le Manifeste du parti communiste date de 1848, mais l’Enterrement, les Pompiers, l’Atelier imposent la notion de classe sociale : le labeur brutal des " lutteurs " de 1853, leur musculature offerte à la consommation du public sont l’image même de l’aliénation théorisée par le philosophe allemand.

Ces sujets n’ont rien d’inédit cependant. Certains d’entre eux sont même fréquemment représentés dans la peinture et surtout dans la gravure depuis une quinzaine d’années. Mais Gustave Courbet en renouvelle le traitement en donnant à la représentation de l’homme du commun, à celle de l’expérience banale, une présence et une dignité réservées jusqu’alors aux seuls héros de l’Histoire ou des mythologies.

Ses toiles scandalisent. La critique académique reproche au peintre de cultiver la laideur et ainsi de bafouer la tradition. Pourtant, les rares œuvres de Gustave Courbet que l’on puisse qualifier de peintures à thèse, telles Le Retour de la conférence réalisé en 1863, Les Frais du culte ou l’Aumône d’un mendiant peintes en 1868 sont marginales dans son œuvre. Même les Casseurs de pierre, les Pompiers et l’Atelier, qui mettent en scène le peuple laborieux, sont des peintures difficiles à interpréter. Plutôt que la pensée de Pierre Joseph Proudhon avec lequel il est lié depuis 1852 ou celle de Karl Marx, elles évoquent d’avantage l’univers de Charles Baudelaire, les personnages banals du Spleen de Paris et des Tableaux parisiens, chargés d’un sens poétique diffus.



En 1861, Gustave Courbet ouvre un atelier à Paris et entre ainsi en conflit avec l’École des Beaux-Arts. Celui-ci est peu fréquenté. À cette époque, le peintre détourne son regard d’une société coupée de ses racines et avilie par l’exploitation de l’homme par l’homme. Il replonge dans la contemplation de la nature vierge et féconde avec des toiles comme le Pique-nique en 1858, le Combat de cerfs en 1861 ou L’Hallali du cerf en 1869. Le peintre réalise également des natures mortes ou des représentations de femmes, comme le portrait de Jo, une Irlandaise à la chevelure rousse, en 1865 et les dormeuses enlacées du Sommeil en 1866.

Les amis de Courbet ne perçoivent pas toujours le lien qui rattache ces peintures à celles plus engagées. Certains y voient un reniement politique, une concession à l’envie de plaire et donc de vendre. En effet, celle-ci connaît maintenant le succès auprès du public. On lui reproche ainsi de peindre sans antipathie des courtisanes et des gens du monde, de préférer la nature intemporelle aux misères du peuple. Cette évolution correspond pourtant chez l’artiste à une exigence profonde : Gustave Courbet a besoin maintenant de plaisir et il n’en trouve guère dans la vue de la pauvreté et du paysage industriel des villes.

Malgré les critiques, l’artiste ne rompt pas avec les milieux démocrates et reste fidèle à ses sympathies. Et en 1865, lorsque paraît l’ouvrage de Proudhon, Du principe de l’art et de sa destination sociale, Courbet peint quelques paraboles qui illustre a posteriori la pensée du philosophe, comme La Pauvresse du village en 1867 et L’Aumône d’un mendiant. Les œuvres du peintre sont toujours fréquemment exposé au Salon, même s’il organise à son initiative et en parallèle des expositions particulières. En 1870, une de ses œuvres, intitulée La Falaise à Étretat, lui vaut la Légion d’honneur. Gustave Courbet refuse pourtant la distinction.



Présent à Paris dès la déclaration de guerre à la Prusse, l’artiste est en première ligne pendant le Siège de la capitale. L'artiste est bientôt élu à la Commune le 16 avril 1871, lors des élections complémentaires qui se déroulent dans le VIème arrondissement. Sur son initiative, les artistes parisiens s'étaient formés en fédération, le 14 avril précédant. Un comité élu compte ainsi dans ses rangs, outre Gustave Courbet, Camille Corot, Honoré Daumier, Jean-François Millet, André Gill. Et ils entendent à présent mettre fin à l'académisme en supprimant toutes les institutions : l'École des Beaux-Arts, l'Académie, les Écoles de Rome et d'Athènes. Gustave Courbet appartient plutôt à la minorité socialiste et pacifiste de la Commune de Paris. Il rêve alors de paix et réprouve la violence.

 Bientôt cependant Gustave Courbet trouvera son inspiration dans les scènes de répression qui suivent l’échec des communards. Désormais, la réaction s’acharne contre lui. Condamné le 2 septembre 1871 à six mois de détention, il est ainsi emprisonné à Sainte-Pélagie du mois de juin 1871 au mois de mars 1872. On l’accuse d’être responsable de la démolition de la colonne Vendôme et l’artiste doit se consumer dans les années qui suivent en procès. Ses tableaux sont maintenant refusés au Salon et ses biens confisqués pour payer la restauration du monument. Au mois de juillet 1873, il décide de s’exiler en Suisse.

L’œuvre de cette époque, très abondante, reste encore mal connue. La nécessité de produire sans relâche et l’intervention d’assistants en expliquent l’inégale qualité. Certaines natures mortes peintes au lendemain de la Commune, comme les Pommes dans un paysage et les Truites de la Loue, figurent néanmoins parmi ses chefs-d’œuvre. Gustave Courbet peint maintenant des vues du Lac Leman et des Alpes. Épuisé, il s’éteint à la Tour-de-Peilz, le 31 décembre 1877.