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Henri de BOURBON,
comte de Chambord 

(Paris, 29 septembre 1830 -
Frohsdorf, Autriche, 24 avril 1883)


Français.

Homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1820, naissance de " l'enfant du miracle ".
1830, Charles X abdique en faveur de son petit-fils, le comte de Chambord.
           le duc d'Orléans est proclamé roi des Français par les Chambres.
1836, devient le chef du parti légitimiste..
1850, s'adresse dans la " Circulaire de Wiesbaden " aux représentants de son parti.
1870, rédige un manifeste hostile à l'héritage de la révolution française en défendant le souvenir du drapeau blanc.
 

 

 






Le dimanche 13 février 1820, à 23 heures, le duc de Berry est assassiné à la sortie de l'Opéra. L'héritier du trône venait de raccompagner à sa voiture son épouse qui désirait se retirer avant la fin du spectacle, et s'apprêtait à regagner sa loge lorsqu'il est poignardé par Louis-Pierre Louvel, un ouvrier sellier du Roi, sympathisant bonapartiste. L'assassin frappe le duc de Berry à droite mais le coup, violent et profond, traverse la partie antérieure du poumon droit et l'oreillette droite du cœur. Le fils du comte d’Artois, frère du roi Louis XVIII, a néanmoins assez de force pour arracher lui-même l'arme de sa poitrine. Transporté dans la salle d'Administration de l'Opéra, il est rejoint successivement par tous les membres de sa famille, ainsi que par Guillaume Dupuytren. Le sang s'est répandu dans la poitrine du prince aussi ce dernier tente de débrider la plaie pour libérer l'épanchement sanguin. En vain, le médecin du roi ne peut que constater son impuissance. Le duc de Berry décède après sept heures d'agonie et de souffrances.

L'attentat n'éteint cependant pas la dynastie régnante, comme le souhaitait son auteur. Le 29 septembre suivant, Caroline de Bourbon, princesse des Deux-Siciles, la jeune veuve du duc de Berry, met au monde Henri-Dieudonné de Bourbon. " L'enfant du miracle ", suivant l'expression d'Alphonse de Lamartine, est rapidement baptisé en grande pompe avec l'eau du Jourdain rapportée de Terre sainte par François-René de Chateaubriand, et célébré par les poètes. Il reçoit le titre de duc de Bordeaux, avant qu’une souscription ne soit lancée dans le royaume afin d'offrir au nouveau-né le domaine de Chambord, propriété de la veuve du maréchal Berthier. Le château, qui tombe en ruines, est adjugé le 5 mars 1821 pour une somme de 1.542.000 Francs. Le nom de Chambord appartient désormais à l'héritier du trône. Ce dernier est confié aux bons soins d’un gouverneur, le général marquis d’Hautpoul, polytechnicien et ancien officier d’ordonnance de l’Empereur. Au palais des Tuileries, il mène une existence dorée, celle d’un futur souverain. Cette quiétude cependant sera cependant perturbée par les aléas de la vie politique.

Son père, qui est monté sur le trône en 1824, voit monter face à son gouvernement réactionnaire une opposition toujours plus virulente. En signant le 25 juillet 1830 quatre ordonnances, Charles X se décide à l'épreuve de force face aux députés libéraux. Celles-ci signifient la dissolution de la Chambre des représentants, l'organisation d'élections sur la base d'un corps électoral amoindrie et la suspension de la liberté de la presse. Charles X rompt ainsi avec quinze années de pratiques du pouvoir et avec l'esprit de la Charte de 1814. L'opposition politique se transforme bientôt en insurrection populaire. Les 27, 28 et 29 juillet, des barricades se dressent dans la capitale pendant les Trois Glorieuses, le gouvernement ne parvenant pas à mater l’insurrection et à rétablir l’ordre. Sous la pression des événements et après avoir supprimé les ordonnances, Charles X quitte le château de Saint Cloud, résidence d’été de la cour, et se réfugie à Rambouillet. Afin de sauver la monarchie, il abdique, en faveur de son petit-fils, le comte de Chambord, le 2 août 1830 suivant, laissant la lieutenance générale du royaume, le 31 juillet, puis la régence à son cousin, le duc d'Orléans. Le 7 août 1830, celui-ci est cependant proclamé roi des Français par les Chambres, sous le nom de Louis-Philippe Ier. Charles V de Bourbon, pourtant acclamé par la Garde, ne régnera pas.



Il doit suivre les destinées de sa famille et prendre la route de l'exil. Parvenu sur la côte normande, l’enfant, aux cotés de son père, s’embarque le 15 août à Cherbourg. Deux vaisseaux affrétés au gouvernement des États-Unis, le Great Britain et le Charles Carrol, placés sous le commandement du capitaine Jules Dumont d’Urville, gagnent l’Angleterre en abordant à Porthmouth. Après un séjour en Écosse, dans la propriété de Holyrood, le souverain déchu se rend ensuite à Prague, demeurant dans le Hradschin, le château des rois de Bohème, à partir du mois d’octobre 1832. C’est à cette époque que l’homme de sciences Joachim Barrande quitte ses fonctions de professeur auprès du comte de Chambord. Au mois de mai 1836, Charles X et sa cour sont accueillis à Goritz, près de la ville de Trieste en Vénétie, par l'Empereur d'Autriche. Le souverain déchu décède quelques mois plus tard, le 6 novembre suivant, lors d’une épidémie de choléra qui touche la région. Son fils devient alors le chef du parti légitimiste.

Dans la France de la Monarchie de Juillet, celui-ci s’est organisé. Les tenants de l’insurrection dans l’Ouest et le Midi, rangés derrière le général Auguste de La Rochejacquelein, se sont en effet se résignés à " l'exil intérieur ", quittant la capitale et la vie politique afin de regagner leur domaine provincial. D’autres ont choisit délibérément la voie de l'expression parlementaire, aux côtés de Pierre-Antoine Berryer. L’avocat, accompagné de Chateaubriand et du duc de Fitz-James, est d’ailleurs reçu à Londres, le 27 novembre 1843, dans un hôtel de Belgrave Square, par le comte de Chambord. Au retour d’un voyage à travers l’Europe afin de compléter son éducation, ce dernier s’est installé provisoirement en Angleterre. Les notables font allégeance au fils de Charles X, mais ce dernier, dès l’année suivante, dans une adresse parlementaire, se déclare le seul apte à défendre les intérêts de la monarchie.

Il épouse en 1846 l'archiduchesse Marie-Thérèse de Habsbourg, fille aînée du duc de Modène. Le couple n’aura pas d’enfant. Et cette absence d’un fils - qui lui succéderait dans le cas d’une nouvelle Restauration - pèsera dans les décennies qui suivent sur l’attitude future du comte de Chambord vis-à-vis de la couronne de France... Il se fixe ensuite dans le château de Frohsdorff, en Autriche, se contentant dès lors de rester en relation avec ses partisans. En France, ceux-ci reprennent espoir. Louis-Philippe a en effet été jeté à bas de son trône par le peuple parisien, au mois de février 1848, et le parti monarchiste est appelé à jouer un rôle dans la vie politique de la jeune Seconde République. Un comité se réunit d’ailleurs chaque semaine chez le marquis de Pastoral, place de la Concorde, afin de défendre les intérêts de la monarchie.

L’un de ses membres, le comte Falloux, est nommé ministre de l'Instruction publique d’un cabinet dirigé par Odilon Barrot, après l’élection à la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte. Les partisans du comte de Chambord croient toujours possible une restauration sur le trône de la branche aînée des Bourbons. Pendant l’été 1850, à la Chambre, au retour d’un voyage à Wiesbaden pour saluer le comte de Chambord, Pierre-Antoine de Berryer parle ainsi à ses collègues de celui « qui ne peut rentrer en France sans être le premier des Français ». Le 30 août 1850 cependant, Chambord s'adresse dans la " Circulaire de Wiesbaden " aux représentants du parti légitimiste et déclare se réserver la gestion de ses intérêts. Ce n’est que la première des nombreuses déclarations d’intention du prétendant, celle-ci prenant néanmoins de cours ceux qui lui sont dévoués. Le coup d’État du 2 décembre 1851, la proclamation de l’Empire l’année suivante, sonnent bientôt le glas de leurs espérances.



Vient enfin 1871, " l’année terrible " suivant le mot de Victor Hugo, qui offre au comte de Chambord et à son parti de nouvelles opportunités. La guerre et la défaite face aux armées prussiennes conduisent en effet à la déchéance du Second Empire et à la proclamation de la République à Paris. Selon les vœux du chancelier prussien Bismarck, des élections législatives organisée le 8 février suivant donnent naissance à une nouvelle Assemblée nationale, où dominent conservateurs et royalistes. Celle-ci nomme Adolphe Thiers président du gouvernement. Afin de faciliter la restauration de la monarchie, et après tractations, les princes d’Orléans reconnaissent la primauté du comte de Chambord et de la branche aînée. Celui-ci demeurant sans héritier, le trône devait en effet bientôt leur revenir. Cependant l'exilé de Frohsdorf fait connaître ses conditions. Rentré à Chambord après une visite de la capitale, il rédige le 5 juillet un manifeste hostile à l'héritage de la révolution française en défendant le souvenir du drapeau blanc de ses aïeux. Le prétendant affirme ainsi ses principes et son refus de tout compromis en faisant référence à ce symbole du droit divin. Cette provocation à l'égard des orléanistes est également ressentie avec tristesse par les légitimistes les plus modérés, le manifeste devant compliquer la tache de ceux qui œuvrent pour le retour des Bourbons sur le trône de France. Adolphe Thiers s’écrie alors : " On ne peut nier que le fondateur de la république est M le comte de Chambord ".

Après l’éviction du " chef du Pouvoir Exécutif de la République Française ", rallié au nouveau régime, la situation politique semble de nouveau mure pour une restauration monarchique. Le 5 août 1873, à Frohsdorf, le comte de Paris, chef de la branche cadette des Orléans, reconnaît dans le comte de Chambord le « seul représentant du principe monarchique en France ». Mais dans une lettre adressée au député Chesnelong, le 23 octobre suivant, celui-ci déclare de nouveau qu'il comptait rentrer dans son royaume sans conditions et ne pas renoncer au drapeau blanc. A Paris, où le comte se trouve depuis le 9 novembre, ses partisans ne parviennent pas à l’infléchir. Le désespoir et l’exaspération gagnent certains. Exerçant à présent une grande influence sur la Chambre des députés, le duc de Broglie pousse le maréchal de Mac Mahon, monarchiste convaincu, à accepter la Présidence de la République. Les pouvoirs de ce dernier sont portés, au mois de novembre 1873, à sept ans. De quoi organiser sereinement une restauration monarchique sous l’égide des Orléanistes cette fois-ci. L’entreprise échouera également.



Le comte de Chambord décède au château de Frohsdorf, en Autriche, le 24 avril 1883. Il est enterré à Goritz, près de son père Charles X. Avec lui, s’est éteint la branche aînée des Bourbons.