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Auguste BLANQUI 

(Puget-Thénier, 1er février 1805 - Paris, 1er janvier 1881)


Français.

Homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1824, adhère à la Charbonnerie
1829, entre comme sténographe au journal Le Globe.
1830, participe à l’insurrection des Trois Glorieuses.
1832, condamné lors du procès de la Société des Amis du Peuple.
1837, milite dans la Société des Saisons.
1848, fonde un club, la Société républicaine centrale.
          organise l'émeute du 15 mai .
1870, lance un journal, La Patrie en danger.
      
nommé chef du 169ème bataillon de la Garde nationale à Montmartre.
         participe aux émeutes du 31 octobre.

 ... a passé trente trois années de sa vie en détention
.
 

 






Auguste Blanqui est né le 1er février 1805 à Puget-Thénier, dans le département des Alpes-Maritimes. Il est le fils d'un conventionnel, régicide et devenu sous-préfet sous le Premier Empire. A l’âge de treize ans, l’enfant monte à Paris et est élevé à l'institution Massin où enseigne à l’époque son frère aîné Adolphe. Celui-ci sera l’un des grands économistes de la Monarchie de Juillet et professeur au Collège de France. Auguste Blanqui effectue ses études au Lycée Charlemagne à Paris. En 1824, il entre à la faculté de médecine ainsi qu’à celle de droit et obtient bientôt du général Compans, une relation familiale, de devenir le précepteur de son fils. Ceci lui permet de subvenir à ses besoins.

Dès 1824 cependant, Blanqui adhère à la Charbonnerie, une société secrète qui se donne pour but de lutter clandestinement contre la Restauration. Commence alors une vie d’activiste, faite de complots et de coups de main manqués, de séjours en prison. En 1827; il est blessé lors de manifestations d'étudiants au quartier Latin. Deux années plus tard, en 1829, Auguste Blanqui entre comme sténographe au journal Le Globe, organe de l’opposition libérale au gouvernement ultra du prince de Polignac. On le retrouve d’ailleurs l’année suivante, dans les rues de Paris, les armes à la main, participant à l’insurrection des Trois Glorieuses qui, les 27, 28 et 29 juillet, amène la chute du roi Charles X. Ceci lui vaut d’être décoré de la croix de Juillet par Louis-Philippe d’Orléans.

Il manifeste néanmoins, au mois de janvier de l’année suivante, en compagnie d’autres membres du Comité des Écoles, contre le régime de la Monarchie de Juillet. Arrêté pendant l’été pour avoir violé la loi sur la presse puis relâché par les autorités, Auguste Blanqui est de nouveau condamné en 1832, au moment du procès des Quinze. Il s’agit alors de juger les agitateurs de la Société des Amis du Peuple, autre société secrète fondée le 30 juillet 1830, qui est bientôt dissoute. Au juge qui l'interroge sur son état civil, Blanqui, devenu l’un des chefs de file de l’opposition républicaine au gouvernement philippard, répond alors à la manière d’un défi "Profession, prolétaire ; domicile fixe, la prison". Il effectue un séjour en détention, le premier d’une longue série… L'un de ses premiers biographe Gustave Geffroy, lui attribuera d’ailleurs le surnom de L'Enfermé.



Rendu à la liberté, Auguste Blanqui fait la rencontre de Filippo Buonarroti, qui lui transmet la tradition babouviste. Il s’attachera désormais au communisme utopique et cherchera grâce à l'action révolutionnaire à prendre le pouvoir pour transformer la société et éduquer le peuple. Contrairement aux idées développées par d’autres théoriciens socialistes - le comte de Saint-Simon, Charles Fourier ou Pierre-Joseph Proudhon - , Blanqui s’oppose à toutes les idées qui associent le peuple et la bourgeoisie, le monde ouvrier et celui des entrepreneurs. Ainsi, selon lui, " il n'existe d'autre rapport entre eux que celui de la lutte ". Pour aboutir, celle-ci doit être organisée par un comité de révolutionnaires professionnels, d’où son attirance pour la constitution de sociétés secrètes, procédant par coups de mains. Là encore se reconnaît l’influence qu’exerce sur Auguste Blanqui l’exemple de Gracchus Babeuf et de la Conjuration des Égaux.

C’est ainsi qu’il prend à sa libération la tête de la Société des Familles. Fondée par Armand Barbès, celle-ci compte bientôt plus de 1.600 membres recrutés parmi les artisans de la capitale, les étudiants ou les volontaires de la Garde nationale. Parmi ceux-ci figurent Pierre Morey, épicier et marchand de couleurs de son état. Celui-ci avertit Blanqui, le matin même de la tentative d'assassinat sur la personne du roi qu'il fomentait en compagnie de Pierre Pépin et de Giuseppe Fieschi, lui demandant de mobiliser les membres des Saisons. Opposé à l'entreprise, l'insurgé refuse mais est néanmoins de nouveau écroué en 1836 et condamné à deux ans de prison ainsi qu’à l’amende, énorme pour l’époque, de 2.000 francs pour fabrication d'explosifs. Gracié par l'amnistie de mai 1837, il milite cette fois-ci dans la Société des Saisons et prépare l'insurrection du 12 mai 1839 à Paris. Celle-ci échoue de nouveau. Tandis que plus de 300 conjurés sont arrêtés et que l'on déplore 50 tués et 190 blessés, Blanqui prend la fuite. Découvert au mois d’octobre lors de sa tentative de gagner la Suisse, il est condamné à mort au mois de janvier 1840. Sa peine, suivant une pratique commune sous la Monarchie de Juillet, est commuée en réclusion à vie. Auguste Blanqui est alors interné au Mont-Saint-Michel, où son état de santé se dégrade puis à la prison-hôpital de Tours. Sa libération intervient au mois d’avril 1847.

A Paris, le 25 février 1848, il assiste alors aux journées d’insurrection populaire et à la proclamation de la Seconde République. Ceci n’est pour lui qu’un bon commencement, le nouveau régime devant, suivant ses théories, se prononcer rapidement pour un partage des biens, au nom de l’égalité de tous. Cependant, après la constitution d’un Gouvernement provisoire, le pouvoir est rapidement confisqué par les conservateurs. Auguste Blanqui fonde alors un club, la Société républicaine centrale, qui s'installe au Conservatoire, rue Bergère, et réclame, au nom du socialisme, l'ajournement des élections législatives en organisant les manifestations du 17 mars et du 16 avril. Sous prétexte de solidarité à la Pologne insurgée contre l’autorité russe, un nouveau rassemblement de la gauche républicaine se transforme en émeute le 15 mai suivant. Le Palais-Bourbon et l’Assemblée constituante sont alors envahis par la foule. Arrêté de nouveau, Blanqui est condamné à dix nouvelles années de prison à l’issue de son procès qui a lieu à Bourges.



Placé en détention dans la citadelle de Doullens (Somme) puis à Belle-Île, à Corte en Corse, Auguste Blanqui connaît ensuite la déportation en Algérie. Libéré au mois d’août 1859, c’est contre le Second Empire et le pouvoir autoritaire de Napoléon III qu’il milite au cours des années suivantes. Arrêté en 1861, Blanqui effectue un nouveau séjour à la prison parisienne de Sainte-Pélagie. Au mois d’août 1865, il s’évade de l’hôpital Necker où il était soigné, après quatre années de détention, et se réfugie au delà des frontières, à Genève puis à Bruxelles en Belgique. En exil, le révolutionnaire correspond toujours avec ses fidèles et rédige une Instruction pour une prise d’armes afin de préparer une nouvelle insurrection.

Peu après la déclaration de guerre à la Prusse, Auguste Blanqui tente en vain de proclamer la République depuis son lieu d’exil. Après la capitulation de Sedan, il approuve la Proclamation de la République et l’action de Léon Gambetta. De retour à Paris au mois de septembre 1870, Blanqui lance alors un journal, La Patrie en danger, qui soutient l’effort de guerre du Gouvernement de la Défense nationale. Le révolutionnaire est d’ailleurs nommé chef du 169ème bataillon de la Garde nationale à Montmartre. Il participe bientôt aux émeutes du 31 octobre 1870, en réponse à la capitulation de Metz, et occupe alors l’Hôtel-de-Ville. Le 22 janvier 1871, c’est une caserne de pompiers qu’il tente avec l’aide de ses fidèles de prendre d’assaut afin d’y saisir des armes… Arrêté le 17 mars 1871 par les autorités versaillaises, il est condamné à la déportation. Interné cependant à Clairvaux puis au château d’If en raison de son âge, Auguste Blanqui, tenu éloigné de la capitale, ne peut donc participer à la Commune.

Alors que Victor Hugo, devenu sénateur de la Troisième République, milite pour l’amnistie des Communards, l’Enfermé devient un symbole de la lutte pour la liberté. Il est élu député de Bordeaux, le 20 d’avril 1879, mais son élection est invalidée par les autorités. Libéré enfin au mois de juin suivant après avoir été gracié, Auguste Blanqui organise alors une campagne électorale, présidant de nombreux banquets. Celle-ci se révèle infructueuse car il est battu le 14 septembre suivant lors d’un nouveau scrutin. L’année suivante, il fonde un journal, Ni Dieu ni maître, sans que pour autant ses convictions aient évolué vers l’anarchisme.



Le 3 novembre 1880, Blanqui est à Rome, invité par des patriotes italiens à l’occasion de l’inauguration d’un monument commémoratif de la défaite de Mentana, où les chassepots français ont " fait merveille ". En compagnie d'Henri de Rochefort, l’ancien opposant au Second Empire, il rencontre alors pour la première fois Giuseppe Garibaldi, très affaibli. Quelques mois plus tard, Auguste Blanqui décède à Paris le 1er janvier 1881 des suites d’une apoplexie. Le révolutionnaire disparaît ainsi à l’âge de 76 ans, après avoir passé trente trois années de sa vie en détention, dans plus d’une trentaine de prisons différentes. En 1885, est publiée sa principale œuvre, Critique sociale. Quelques années plus tard, Aristide Maillol élèvera en son honneur dans sa commune natale une sculpture baptisée L’Action enchaînée.