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Albert BESNARD 

(Paris, 2 juin 1849 - Paris, 4 décembre 1934)


Français.

Peintre.



par Eric Labayle


 

     Quelques dates :

1866, fait son entrée à l'école des Beaux-Arts en 1866.
1874,
se voit décerner le grand prix de Rome.
1887, la Femme qui se chauffe.
1897 ... ,
Christ en gloire dans la chapelle de Berck-sur-Mer.
1905 ... , plafond de la Comédie Française.
1909,
plafond de l'ambassade de France à Vienne.
1910,
voyage aux Indes.
1912, entre à l'Académie des Beaux-Arts.
1913, nommé directeur de l'Académie de France à Rome.

1914,
plafond du Palais de la Paix à La Haye.
1924, entre à l'Académie Française.


 






Paul Albert Besnard est né à Paris le 2 juin 1849. Il est issu d'une famille d'artistes. Son père, décédé prématurément peu après la naissance de son fils, avait été l'élève d'Ingres et sa mère avait étudié l'art de la miniature avec Madame de Miribel. Dans un tel contexte, il est naturel que l'enfant ait été de bonne heure sensibilisé aux pratiques artistiques. Pour ce faire, sa mère lui choisit comme professeur Jean Brémond, ancien élève d'Ingres lui aussi. Brémond exerce une profonde influence sur le jeune Besnard, en lui faisant partager notamment son amour pour l’œuvre de Delacroix.

Albert Besnard fait son entrée à l'école des Beaux-Arts en 1866. Il y suit à la fois les cours d'Alexandre Cabanel et de Sébastien Cornu. Il débute ensuite au Salon de 1868, où il expose un premier portrait. En 1875, suite logique de sa carrière artistique naissante, Besnard part pour Rome et la villa Médicis, où il se lie d'amitié avec un autre peintre, Aimé Morot. Ensemble, les deux hommes découvrent l'Italie à cheval et en nourrissent leur inspiration. Les chevaux resteront en effet un thème récurrent de l'œuvre de Besnard jusqu'à sa mort. En 1874, il se voit décerner le grand prix de Rome pour son tableau intitulé "La mort de Timophane".

Quelques temps plus tard, le jeune artiste se marie avec Charlotte Dubray, fille du sculpteur Gabriel-Vital Dubray et sculpteur elle-même. Avec elle, il part s'installer avec elle en Angleterre où le couple passe deux années. Cette période anglaise est importante pour l'artiste, qui s'imprègne alors des travaux de l'école britannique du portrait, et surtout de ceux de Gainsborough, Lawrence et Reynolds. L'influence de ces artistes est décisive dans l'évolution picturale de Besnard. Elle est sensible dès ses travaux de cette période, dans ses portraits de lord Wolseley, de l'amiral Commerwell ou du général Green notamment. Comme lors de sa scolarité aux Beaux-Arts ou pendant sa période romaine, Albert Besnard se lie à d'autres artistes lors de son séjour londonien (le peintre Alfred Legros notamment). Ces rencontres participent elles aussi à l'affirmation de son style et à l'enrichissement de ses techniques et sources d'inspiration.



De retour en France, le peintre possède déjà une personnalité artistique originale, qui se traduit notamment par des influences multiples : les héritages de Van Dick, Rubens, Boucher ou Watteau se retrouvent dans ses toiles. Sa première commande importante est une fresque décorant la salle des pas perdus de l'École de Pharmacie. Le sujet en est ambitieux : il s'agit rien moins qu'une allégorie sur l'histoire du monde, des temps préhistoriques à l'époque contemporaine... Dans son élan créateur, il propose également à l'École de Pharmacie des cartons de vitraux, qui ne seront pourtant jamais réalisés. Mais le portrait reste au cœur de l’œuvre de Besnard, qui en produit un certain nombre pour des personnalités de premier plan, aussi diverses qu'Alphonse Daudet, Denys Cochin ou la princesse Mathilde.

Au début des années 1880, un voyage en Espagne, au Maroc et en Algérie en compagnie du peintre Chéret lui fait franchir une nouvelle étape dans son cheminement artistique. Il en revient soucieux de traduire le mouvement (ses aquarelles de chevaux arabes en témoignent) et désireux d'explorer de nouvelles voies dans le traitement des couleurs. La confrontation avec le courant impressionniste naissant n'est pas non plus étrangère à ces choix. En 1886, le portrait de Madame Roger Jourdain marque une nette évolution du peintre dans sa recherche sur la lumière et en 1887, la " Femme qui se chauffe " qu'il expose au Salon confirme son engagement dans cette voie. Jusqu'à ses œuvres les plus tardives, ce travail sur la lumière sera la caractéristique essentielle de son art.

En dépit de ces recherches personnelles originales et de ses succès, Albert Besnard est contesté. Cherchant des voies distinctes de celles de l'impressionnisme pour traduire la lumière, il reste en marge de ce mouvement novateur. D'autant que son souci d'allier à la couleur une pratique du dessin irréprochable l'en éloigne encore plus. En outre, ses grandes fresques murales sacrifient souvent la qualité artistique à la représentation stricte de sujets parfois ardus (la description des misères humaines par exemple, dans une fresque exécutée pour l'hôpital Cazin de Berck-sur-Mer). Pourtant, certaines de ses peintures murales et de plafonds peuvent être considérées comme de vraies réussites d'un artiste en pleine maîtrise de son art. C'est le cas notamment de sa représentation des trois âges de l'homme peinte sur les murs de la salle des mariages de la mairie du 1er arrondissement de Paris (1887-1889), de son " Christ en gloire " sans la chapelle de Berck-sur-Mer (1897-1901), de son plafond de la Comédie Française (1905-1913), de celui du Palais de la Paix à La Haye (1914), ou de celui de l'ambassade de France à Vienne (1909).



En 1910 et 1911, un voyage aux Indes fournit à Besnard une source d'inspiration nouvelle. Celle-ci se traduit notamment par la publication d'un livre de notes et souvenirs de voyage. En outre, les nombreuses esquisses prises sur place fournissent, à son retour en France, la matière de nouvelles toiles, dont les plus significatives sont " L'homme en rose ", " La danseuse au masque jaune ", " Le pont " ou " L'éléphant dans une rue ". Aux recherches précédentes s'ajoute l'emploi renouvelé de la couleur rouge, que le peintre décline sous toutes ses formes. Comme pour beaucoup d'autres artistes, la première guerre mondiale donne à Besnard l'occasion de produire des toiles de circonstance. Ainsi lui doit-on un portrait du roi Albert 1er et de la reine Élisabeth ou, après l'armistice, une " Rentrée de l'université française à Strasbourg ".

A celui des recherches succède alors le temps des honneurs et de la reconnaissance. En 1912, Albert Besnard entre à l'Académie des Beaux-Arts. En 1913, il est nommé directeur de l'Académie de France à Rome. En 1922, il prend la tête de l'Ecole des Beaux-Arts. Grand-croix de la Légion d'Honneur, il entre le 27 novembre 1924 à l'Académie Française, où il occupe le siège de Pierre Loti. Cette élection récompense autant le peintre (il est le premier peintre à siéger sous la Coupole depuis plus de 150 ans !) que l'homme de lettres, pour ses notes de voyage en Inde et son recueil de souvenirs intitulé Sous le Ciel de Rome. La fin de sa vie est marquée par une ultime évolution de son art. Dans ses derniers tableaux (" L'eau profonde " en 1928 ou " La source " en 1931 par exemple), Besnard conclut en quelque sorte son travail sur la lumière en abandonnant celui sur la couleur. Les tons se font plus fades et plus pauvres. Le blanc est employé en abondance. On est loin désormais des " féeries où la couleur ruisselle, des paysages de rêve, des orchestrations lumineuses ", dépeintes par Louis Barthou en 1926, lors d'une cérémonie en l'honneur du peintre.



Albert Besnard meurt à Paris le 4 décembre 1934.