 |
A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.
 |
|
 | |


sur 19e.org |
|
|
|

Vous êtes ici :

Émile Pouget et Le Père peinard. |
|

Émile
Pouget et Le Père peinard,
Almanach et hebdomadaire
anarchiste
(1889-1902).
par
Dominique Sommier
1.
Émile
Pouget, un militant anarchiste.
2. L'aventure
du Père peinard.
3.
L'après
Père peinard.
|
 |
En
février 1889, Émile Pouget (Pont-de-Salars, Aveyron, 1860 - Lozère,
Seine-et-Oise, 1931) fonde Le Père
Peinard, un journal publié en langue parlée et argotique, comprise partout par les
travailleurs.
1. Émile
Pouget, un militant anarchiste.
Émile
Pouget, issu d’un milieu familial socialisant, est déjà en 1889 un
ancien de la lutte anarchiste. En 1875, il travaille à Paris et fréquente
les cercles de militants dans la ligne de Bakounine. En 1879, Pouget participe à la création
du premier syndicat d’employés. Quatre années plus tard, à l’occasion d’une
manifestation à Paris, des boulangeries sont pillées et il est arrêté,
en essayant de porter secours à l’ancienne communarde Louise Michel. Condamné
en cour d’assises à huit ans de réclusion, Émile Pouget est libéré après
trois ans d’incarcération, suite à une amnistie. Il devient représentant
en librairie et reprend la propagande révolutionnaire. En 1889, il édite
avec Constant Martin le Ca ira
en langue populaire, publie de nombreuses affiches avant de tenter
l’aventure du Père
Peinard.
2. L'aventure
du Père peinard.
Ainsi, le 24 février 1889, c’est la parution de la première série de
l'hebdomadaire Le Père peinard. Au
total, 253 numéros et 11 suppléments sortiront jusqu'au mois de février 1894. Le
Père Peinard préconise dès
1889 la grève générale et l’action directe. C’est à 130.000
exemplaires qu’est publié le numéro contre les lois "
scélérates ", parce qu'anti-anarchistes. Celles-ci sont
promulguées du 17 au 27 juillet 1894, à l'initiative du président du
Conseil Charles Dupuy, suite à la vague d’attentats
commis en France. Citons pour mémoire celui d’Auguste Vaillant, commis
le 9 décembre 1893 à la Chambre
des Députés. En 1894, Émile Pouget lui-même pour échapper à la justice doit se réfugier
à Londres. Il continue néanmoins la publication de son journal et
cette série " londonienne " du Père
Peinard comporte 8 numéros expédiés en France. Il y prône
notamment l’entrée des anarchistes dans les syndicats, une manière
pour les militants libertaires de poursuivre leur lutte. En 1895, suite à l’élection
de Félix Faure à la Présidence de la République, il rentre en France où
il est jugé et acquitté.

Aussitôt, il reprend la publication du Père
Peinard. Souvent poursuivi, car antiparlementaire, antimilitariste, anticlérical,
il s’attaque aux institutions, au capital, aux partis ouvriers
"
guesdistes " jugés malhonnêtes. Par une propagande large, Le
Père Peinard veut réveiller le peuple pour l’action sociale révolutionnaire.
En 1895, il utilise le terme de " sabotage ". Émile Pouget en donne l’explication dans un rapport présenté au congrès de
Toulouse en 1897. Pour lui, « le boycottage et le sabotage » doivent devenir la
nouvelle forme de lutte. A partir de 1896, une nouvelle série du Père
Peinard (129 numéros au total) et 4 suppléments paraissent. En 1900, une
nouvelle série voit le jour. Pouget a l’espoir
au tournant du siècle
de développer un
quotidien pour toutes les tendances révolutionnaires. Il participe au Journal
du Peuple de Sébastien Faure en pleine affaire Dreyfus.
3. L'après
Père peinard.
Le
congrès des syndicats de Toulouse, en 1900, décide la création d’un
organe de presse syndicaliste, La
voix du peuple, dont Pouget est le secrétaire de rédaction à partir
du 1er décembre 1900 en tant que secrétaire adjoint de la C.G.T. Il
revendique le repos hebdomadaire, la journée de huit heures et adopte des
positions ouvertement antimilitaristes. Alors, en 1902, sort la dernière
série du Père Peinard.
Jusqu’en
1908 Pouget conserve au sein de la C.G.T. un rôle prépondérant. Après
avoir collaboré à de nombreux journaux, il tente un nouveau quotidien
avec Griffuelhes et Monatte, La Révolution,
qui doit cesser sa publication au bout de deux mois, en mars 1909. Émile Pouget,
fatigué, dérouté également par le tournant réformiste pris par la
C.G.T. cesse dès lors de militer et reprend la vie active, jusqu'à sa mort en
1931.
|