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1879, Isandhlwana et Rorke’s Drift |
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1879,
Isandhlwana et Rorke’s Drift.
par
Thomas
McDermott
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Le 2 janvier 1879, l’armée
britannique subit une importante défaite, ainsi qu’une victoire écrasante
le même jour. Au cours de ces deux batailles, d’Isandhlwana et de
Rorke’s Drift, les soldats britanniques combattirent avec un grand
courage et professionnalisme dans les circonstances les plus
exceptionnelles. Dans les deux cas en effet, les lignes arrièrent
britanniques se trouvèrent au pied du mur et ne purent que résister et
combattre jusqu’au bout une armée zoulou bien supérieure en nombre. Ce
fut l’une de ces victoires qui permit à l’armée britannique de
montrer son efficacité, sa capacité à se relever après avoir subi un désastre.
Les Britanniques remportèrent ainsi à Rorke’s Drift une victoire très
significative. Un total de 14 Victoria cross furent décernées aux
soldats qui se distinguèrent au combat, à la fois à Isandhlwana et à
Rorke’s Drift.
L’armée zoulou était bien différente de l’armée britannique postée
en Afrique du Sud. Bien supérieure en nombre, elle utilisait encore des
armements rudimentaires au combat. Ainsi les Zoulous ne connaissaient ni
l’artillerie, ni les chariots de ravitaillement. De ce fait, ils ne
disposaient pas de fusils dans leur arsenal de guerre, mais faisaient
confiance à leur « assegai » et à leurs boucliers en peau de
vache. La tenue de guerre zoulou était primitive comparée à
l’uniforme rouge écarlate de l’armée britannique. Leur uniforme
s’apparentait davantage au costume tribal et traditionnel du guerrier
africain.
Les Zoulous utilisèrent la même stratégie à Isandhlwana et à
Rorke’s Drift. Ils attaquèrent les garnisons en prenant la forme d’un
taureau qui s’apprête à charger. La formation d’attaque zoulou
comportait ainsi deux parties. Une partie des forces reste en retrait en
tant qu’unité de réserve, alors que la force d’attaque se décompose
en trois parties : droite, centre et gauche, en une formation qui
ressemble à un taureau qui charge. Les Zoulous avaient de ce fait recours
à un nombre massif de guerriers dans leurs attaques pour vaincre leurs
ennemis sur le champ de bataille. Isandhlwana et Rorke’s Drift, le 22
janvier 1879, furent les premières batailles de l’armée zoulou après
vingt années de paix. Cela signifiait aussi que le guerrier zoulou dû,
pour la première fois, faire face à des armes modernes au combat.
Isandhlwana était le lieu d’un désastre prévisible. En effet, la
garnison ne disposait pas d’un nombre de soldats suffisants pour
repousser une attaque massive des Zoulous. Lors Chemsford était le
commandant des troupes britanniques sur place. Selon sa philosophie
militaire, il pensait que les Zoulous feraient tout pour éviter une
bataille ouverte avec les troupes britanniques régulières. Le livre Anglo-Zulu
War montre ainsi qu’il était convaincu qu’il n’y avait aucune
raison de craindre une attaque zoulou. Selon l’expérience qu’il avait
acquise en servant en Afrique, Lors Chemsford avait appris que les armées
africaines évitaient toujours une bataille ouverte contre les armées
britanniques. Il pensait que les Zoulous n’engageraient pas le combat et
dirigeraient leurs unités à travers Mzinyathi Valley en aval de
Rorke’s Drift pour envahir ensuite le Natal.
Par conséquent, Lord Chemsford décida de diviser ses forces et de n’en
laisser que la moitié à Isandhlwana. Le nombre réduit des troupes postées
à la garnison laissait de nombreuses ouvertures dans la défense, dans
l’éventualité d’une attaque zoulou. Rupert Furneaux précise dans
son ouvrage que la ligne de défense à Isandhlwana s’étendait sur une
distance totale de 3.000 yards. Elle comprenait certains points faibles :
un espace vide de 1.000 yards entre Pope et Durnford ; puis un autre
qui s’étendait sur 1.000 yards en face des tentes et des chariots au
pied de la colline proche de Isandhlwana Mount. De plus, au Nord-Est, on
avait chargé la « Natal Native Force » de défendre la zone,
une force à la fois dépourvue d’expérience du combat et d’équipement
adéquat pour se battre. Pulleine aurait défendu Isandhlwana avec plus de
succès en faisant reculer ses troupes en groupes serrés de façon à
former un demi-cercle, avec Isandhlwana Mount derrière elles. Une fois
l’attaque zoulou « en corne » déclenchée, ce n’était
plus qu’une question de temps avant que l’armée britannique soit
renversée.
Les Zoulous étaient vingt fois plus nombreux que les Britanniques à la défense
d’Isandhlwana. Ceux-ci combattirent avec beaucoup de bravoure lors de
cette bataille vouée à l’échec. Alors à cours de munitions, ils
n’eurent plus pour seul choix que celui de préparer les baïonnettes et
de se battre au corps à corps. Les Britanniques subirent de nombreuses
pertes lors de ce massacre. A la fin de la bataille, 1.300 soldats avaient
perdu la vie, et le premier bataillon du 24e régiment avait perdu tous
ses officiers lors du siège d’Isandhlwana. Trois soldats furent récompensés
d’une Victoria Cross pour acte de bravoure au combat.
La garnison de Rorke’s Drift ne comprenait d’une poignée de soldats
postés sur place. C’était une ancienne mission suédoise qui avait été
transformée en garnison militaire. Elle se composait de quelques bâtiments,
dont un petit hôpital disposant de quelques chambres. Le long de ce
dernier se trouvait les tentes des soldats et l’enclos des animaux. Le
Lieutenant John Chard était l’officier britannique en charge de la
garnison. Son passé militaire n’était pas celui d’un officier
d’infanterie, mais celui d’un officier de l’artillerie royale. Le
reste des soldats positionnés à Rorke’s Drift appartenait au 2nd
bataillon du 24e régiment, sous le commandement du lieutenant Gonville
Bromhead. Le 22 janvier 1879 marqua la date au cours de laquelle la célèbre
défense de Rorke’s Drift eut lieu et où le 24e régiment devint célèbre
dans l’histoire militaire britannique. La défense de Rorke’s Drift était
réduite et sans réelle importance militaire, mais les défenseurs résistèrent
inlassablement aux attaques et contre-attaques zoulous.
On peut tout à fait attribuer la victoire de Rorke’s Drift au courage
des soldats britanniques, alors que l’échec était annoncé. " La
garnison ainsi réduite à 104 hommes et officiers fit face à l’assaut
de la fédération Undi, qui se composait de quelques-uns des plus féroces
guerriers Celewayo ". Les soldats qui défendirent Rorke’s
Drift durent affronter une force zoulou de l’ordre de 400 guerriers. Ces
derniers attaquèrent la garnison de la même manière qu’à Isandhlwana.
Ils attaquèrent en prenant la forme d’un taureau qui s’apprêtent à
charger.
A Rorke’s Drift, ce fut la force de réserve qui chargea, celle qui
n’avait pas participé à la bataille d’sandhlwana. La traversée de
Natal avait pour simple objectif, comme eux-mêmes le dirent, de récupérer
du bétail. Sur leur chemin, ils aperçurent les tentes, et ne se trouvant
qu’à un km de là, ils se dirigèrent vers elles. Lors de l’attaque
des Zoulous, les Britanniques résistèrent. On peut compter de nombreux
actes de bravoure tout au long de la bataille. 4 soldats de 2ème classe
du 24e régiment firent particulièrement preuve de bravoure en défendant
l’hôpital lors de l’attaque zoulou.
A propos de cette honorable défense, le lieutenant Chaud rapporte les
commentaires suivant : « La garnison de l’hopital a défendu
chaque chambre l’une après l’autre, en faisant sortir tous les
malades pouvant être transportés avant de se retirer. Les soldats
Williams, Hook, R. James et W. James, du 24e régiment restant les
derniers à partir, défendant la porte avec leurs baïonnettes, car à étant
à cours de munitions ».
Ils furent ainsi récompensés d’une Victoria Cross, la plus grande
distinction honorifique de l’Empire britannique, pour leurs actes de
bravoure lors du siège de l’hôpital. Un total de 11 de ces décorations
furent décernées aux défenseurs de Rorke’s Drift. Les lieutenants
Chaud et Bromhead furent également de ceux là.
La résistance de la garnison britannique à Rorke’s Drift fut très
importante pour l’image de l’armée britannique à la fois chez eux et
en Afrique. Ceci démontra que les soldats britanniques savaient faire
preuve de résistance même pour un échec annoncé. Même si la bataille
ne comportait en elle même aucune valeur stratégique véritable, elle
contribua à redonner un peu du prestige, si sévèrement terni plus tôt
dans la journée et elle permit aux Britanniques de saisir au vol un reste
de victoire pour un événement qui n’était d’un sérieux revers.
Rorke’s Drift n’eut ainsi aucune importance militaire, mais elle
permit à l’armée britannique de sauver la face. Cette bataille ne fut
rien comparée à d’autres batailles britanniques célèbres, à la fois
passées et à venir. Pourtant, pour une bataille aussi insignifiante, 11
Victoria Cross furent décernées pour différentes actions. A cette époque,
elle était néanmoins plus facilement attribuée, car il s’agissait
d’une récompense relativement nouvelle. La politique d’attribution de
la Victoria Cross n’est devenue significative qu’à partir de la 1ère
Guerre mondiale.
Dans l’histoire militaire britannique, la bataille de Rorke’s Drift
est celle dont on parle le plus à propos de la guerre contre les Zoulous.
La défaite britannique à Isandhlwana ne fut pas la responsabilité
individuelle de chaque soldat mais le résultat de la manière dont le
campement avait été abandonné. Le caractère massif de l’offensive
zoulou mena également à la défaite. La force d’attaque zoulou qui
frappa à Rorke’s Drift fut différente et inférieure en nombre à
celle qui chargea l’autre garnison. Les Britanniques étaient toujours
inférieurs en nombre mais la garnison était bien plus petite que celle
d’Isandhlwana, ce qui la rendait beaucoup plus facile à défendre. Les
soldats qui firent face à l’attaque firent cependant preuve d’un
grand courage face à cette supériorité numérique écrasante.
Jusqu’à ce jour, Rorke’s Drift est la bataille pour laquelle le plus
grand nombre de Victoria Cross a été décerné pour une action. Elle est
devenue une légende à part entière dans l’histoire militaire
britannique. Rorke’s Drift est le parfait exemple de bataille à partir
de laquelle se crée une légende.
Bibliographie
. Furneaux, Rupert. The Zulu War:
Isandhlwana and Rorke’s Drift. New York: J.B. Lippincott Company,
1963.
. Glover, Michael. Rorke’s
Drift .London: Leo Cooper Ltd, 1975.
. Norris-Newman, Charles L. In
Zululand: With the British Throughout the War of 1879. London:
Greenhill Books, 1988.
. Laband, John. and Ian Knight.
The Anglo-Zulu War. United Kingdom: Sutton Publishing Limited,
1996.
. Laband, John, ed. Lord Chelmsford’s
Zululand Campaign 1878 –1879. United Kingdom: Sutton Publishing
Limited, 1994.
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