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                                                                     Emile Durkheim, Le Suicide, 1897

 

Emile Durkheim, Le Suicide, 1897.


par
Jean-Marc Goglin

 



1. La réfutation des thèses communément admises.
2. Les véritables causes du suicide.
3. le suicide comme phénomène social.



 






Émile Durkheim publie son ouvrage intitulé Le suicide. Essai de sociologie en 1897. Le livre est divisé en trois parties.
Il reprend la démarche énoncée en 1895 dans Les Règles de la méthode sociologique qui explique un comportement individuel par des déterminants sociaux.
Il n’étudie pas le suicide comme un acte individuel mais le taux de suicide analysé par rapport à sa place dans la société globale.



          I. La réfutation des thèses communément admises.


Dans la première partie intitulée " Les facteurs extra-sociaux ", Durkheim réfute en fait les thèses non sociologiques qui expliquent le suicide. Il rejette d’abord les causes psychopathiques : folie, monomanie, neurasthénie, alcoolisme… Il les admet seulement comme un terrain favorable.

Il rejette également les théories raciales qui énoncent que chaque " race " serait plus ou moins sujette au suicide.

Il rejette encore le déterminisme cosmique qui prétend que les astres influencent les comportements humains.

Durkheim rejette également les causes imitatives. Si l’idée de suicide se communique, elle n’est en aucun cas une cause : elle ne fait que renforcer l’action des facteurs réels.



          II. Les véritables causes du suicide.



Dans une seconde partie intitulée " Causes sociales et types sociaux ", Durkheim présente plusieurs types de suicides et donc plusieurs causes. Il présente d’abord le suicide " égoïste " dû à un manque d’intégration sociale. Ce suicide varie avec le sexe : il est plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Il varie avec la religion : il est plus élevé chez les protestants que chez les catholiques car leur religion est moins intégratrice. Il varie également avec le niveau d’instruction : il est plus élevé chez les instruits car l’instruction remplace les croyances traditionnelles et aggrave l’individualisme. Ce suicide caractérise les sociétés où l’individu n’est plus suffisamment soumis aux normes sociales et ne reconnaît plus comme règles de comportement que ses intérêts privés. L’intégration dans une famille reste le meilleur moyen de se préserver de ce type de suicide.

Durkheim présente ensuite le suicide " altruiste " qui caractérise les sociétés où les valeurs collectives tiennent une place si importante que l’individu peut étouffer son propre instinct de conservation au détriment des impératifs sociaux.

Durkheim note que l’absence de règle peut engendrer le suicide " anomique ". Ce type de suicide se développe lorsque les perspectives d’avenir semblent absentes. Le développement industriel entraîne un accroissement des frustrations chez l’individu qui ne peut assouvir tous ses désirs.



          III. le suicide comme phénomène social.



Dans une troisième partie intitulée " Du suicide comme phénomène social en général ", Durkheim conclue que le suicide révèle l’état moral d’une société. Si un certain nombre de suicides paraît acceptable, un taux trop élevé est inquiétant.

Durkheim propose des remèdes pour restaurer la cohésion sociale. Il réfute l’efficacité des mesures répressives et de l’éducation qui ne fait que refléter l’état moral de la société. Il prône le renforcement des groupes qui encadrent l’individu et notamment le groupe professionnel, intermédiaire entre l’individu et l’État.


L’œuvre de Durkheim, certes innovante, semble marquée par la révolution industrielle. Elle étudie l’individu comme une partie d’un tout, lequel influence inconsciemment chacune de ses parties. Le progrès est vu comme un facteur de décomposition de la société qui stimule les désirs individuels et conduit à une frustration dont l’issue est le suicide.