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                                                                     Etre anticlérical au XIXème siècle

 

Etre anticlérical au XIXème siècle.


par
Jean-Marc Goglin

 



1. Refuser les religions révélées.
2.
Critiquer les institutions ecclésiastique.
3.
Désirer la laïcité.


 






L’anticlérical existe car il existe des cléricaux. Il s’oppose aussi bien à l’Église catholique qu’à l’Église protestante. Il s’oppose aussi bien aux idées qu’aux aux institutions. Il cherche à créer une nouvelle société dont le fondement serait la raison.


          1. Refuser les religions révélées.



L’anticlérical peut être une personne qui s’est progressivement détournée de ses convictions religieuses, catholiques pour, par exemple probable Louis Blanc, ou protestantes pour, par exemple Auguste Scheurer-Kestner. Il est même parfois un ecclésiastique qui a quitté l’Église.

L’anticlérical peut développer un certain spiritualisme, à l’image de Ferdinand Buisson qui assimile le fait religieux à une tension vers l’infini existante en tout homme. Il ne faut donc pas détruire la religion mais la libérer du joug clérical. Le Christ est souvent admiré pour son combat en faveur des pauvres.

Cependant, le plus souvent, l’anticlérical rejette toute forme de spiritualisme. Il critique le fondement des religions révélées, la foi et se moque du pari insensé de Pascal. Il rejette les lumières surnaturelles censées éclairées l’homme. Il retient que la méthode historique met en lumières les contradictions contenues dans les textes religieux. Il relève que les dogmes chrétiens sont des créations humaines.

L’anticlérical rejette toute forme de piété populaire, comme le pèlerinage à Lourdes ou la dévotion envers le Sacré Cœur de Jésus, qualifié de " débris d’abattoir " par Émile Zola, qu’il considère comme une atteinte à la raison humaine. Le bâtiment abritant le Sacré Cœur est perçu comme " un temple de l’idolâtrie bâti à la glorification de l’absurde ", toujours selon Zola.

L’anticlérical s’inspire des penseurs condamnés par les Églises, Jan Hus, Galilée, Giordano Bruno qui ont su choisir la liberté de pensée face aux institutions. L’anticlérical peut adhérer à une association de libre penseur, telle la Société démocratique des libres penseurs, formée en 1848 autour de Jules Simon, Jules Barni, Amédée Jacques et Henri Baudrillart ou l’Union des libres penseurs et des libres croyants pour la culture morale fondé durant l’hiver 1908-1907. Il rappelle que la Révolution française de 1789 a affirmé la liberté de ne pas croire.

L’anticlérical, adhérant au positivisme d’Auguste Comte, s’appuie sur la raison et la science. La science développe des hypothèses qui se vérifient par des expériences. Les connaissances sont ainsi jugées prouvées. Elles réfutent les croyances religieuses à l’exemple des découvertes de Charles Darwin sur l’évolution qui remettent en cause le récit de la création de l’homme par Dieu rapporté par le livre biblique de la Genèse. L’anticlérical pense, à la suite d’Émile Zola, que l’avenir sera transfiguré par la science. Elle libérera l’homme des contraintes matérielles, notamment du travail, et de l’obscurantisme religieux.


          2. Critiquer les institutions ecclésiastiques.


L’anticlérical est avant tout hostile au clergé et notamment au haut clergé. Le plus critiqué est le pape. La papauté est perçue comme une puissance politique qui a abandonné toute vocation spirituelle et qui ne cherche qu’à assurer sa domination sur les esprits. L’Église protestante est également critiquée. L’anticlérical ne lui pardonne pas d’avoir échoué dans sa tentative de libérer les croyants du joug catholique.

L’anticlérical peut, comme Louis Blanc, respecter le bas clergé exploité par le haut clergé. Cependant, le plus souvent, il le perçoit comme fainéant, cupide, lubrique et sadique. Il assimile le curé au cochon et s’en moque volontiers.

L’anticlérical est également hostile aux congrégations religieuses tenues pour des associations parasites. La Compagnie de Jésus est la plus détestée car elle est perçue comme dirigeant l’ensemble de l’Église catholique. Les ordres mendiants, dominicain et franciscain, ne sont guère mieux perçus. Les religieux sont jugés intrigants et ambitieux et dépravés. L’anticlérical souhaite l’interdiction des congrégations.

L’anticlérical est convaincu que l’existence de l’Église menace la liberté individuelle tant sur le plan privé que public.


          3. Désirer la laïcité.


L’anticlérical redoute une République catholique et se méfie des ralliés croyants à la République. Il est persuadé que le cléricalisme n’entraîne que fanatisme et intolérance.

L’anticlérical est convaincu des désastreuses incidences du cléricalisme sur la vie publique. Il rejette d’abord le théocratisme de l’Église pour laquelle le pouvoir n’appartient qu’à Dieu. Il refuse que le cléricalisme influence la politique extérieure de la France en invitant à prendre des positions proches de celles de la papauté. Il rejette son influence sur l’armée si visible lors de l’affaire Dreyfus.

L’anticlérical rejette la main mise de l’Eglise sur l’enseignement. En effet, celle-ci, en enseignant des idées théocratiques, favorise le développement des idées monarchistes. La morale fondée sur la récompense eschatologique et la peur irrationnelle de l’enfer est, pour lui, une atteinte à la liberté et à la raison humaines.

L’anticlérical s’oppose donc à la loi Falloux de 1850 et à la liberté de l’enseignement supérieur qui ne peut que favoriser l’enseignement des Jésuites. Il souhaite un enseignement laïc dont la morale s’inspirerait des œuvres d’Emmanuel Kant. Il obtient la laïcisation de l’enseignement de la morale par la loi du 28 mars 1882 de Jules Ferry. Chaque individu alors est reconnu être responsable de son agir.

L’anticlérical réclame la séparation de l’Église et de l’État qu’il obtient par la loi du 9 décembre 1905.


L’anticlérical, en s’opposant aux Église, cherche à réorganiser la société sur la base de la raison. S’opposer aux idées professées par les institutions et aux institutions elles mêmes conduit progressivement à une remise en cause de l’idée même de Dieu durant le XIXe siècle.